Les arpenteurs poétiques – Poésie des steppes

Les arpenteurs poétiques – Poésie des steppes

Diffusion : Jeudi 25 avril 2024 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 avril 2024 à 11h
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une émission préparée par Laurie Courtois et Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Vincent Alvernhe
et des étudiantes de Oulan Bator

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> Poésie des steppes, un voyage poétique en Mongolie
> halte poétique ‘je te poème’ : Laurie Courtois
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Poésie des steppes

Une promenade poétique en Mongolie
« …Poussé par la grande majuscule que lui donne le français épris d’universel, le mot “grâce” s’est posé là, à l’encontre du geste, à la rencontre de l’autre, de son ciel. La grâce, on le sait déjà dans la langue française, peut se décliner, se jouer à l’insaisissable et sous ses différents visages, la grâce peut trouver un lieu où se traduire.  Mais que nous dit-elle depuis cet ailleurs,  que nous n’aurions encore songé ?… » Tentons de redécouvrir par la langue mongole et de dessiner en creux le mot grâce, par des poèmes que de jeunes femmes mongoles ont rassemblés avec l’aide de Laurie Courtois, qui enseigne actuellement à l’Université d’Oulan Bator.

Avec la participation des étudiantes de Oulan Bator : Uyanga, Tsatsral, Temuulen, Munkjkhin, Nomin, Nandin-Erdene, Munkhshur, Maral, Ganshimeg, Bayarmaa, Ayashakhan.

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un poème  

L’herbe a des yeux,
l’eau une mélodie,
les étoiles ont une mémoire,
et le ciel,
chaque mois, a un fils.

Mon crayon s’encre dans les larmes du chameau
et je peux écrire des poèmes dans le ciel,
parmi les beaux chevaux au galop.
Dans la merveilleuse lumière de la lune d’orient,
puissions-nous être heureux comme les poètes orientaux
buvant du vin.

Nyamsüren

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musiques de l’émission

Amore, Ryuichi Sakamoto
Outro (Urban remix), Okna Tsahan Zam
Ólafur Arnalds live from Hafursey, Iceland.

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halte poétique ‘je te poème’
Laurie Courtois

Par-delà les distances, Laurie Courtois dialogue
avec Jean-Marc Barrier et révèle poèmes et pensées,
parfois reliées à son expérience actuelle en Mongolie.
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bibliographie 

Hypomnemata, Editions Phloème, 2016
Autres versants – Luènh de l’ostal, Atelier du Grand Tétras, 2018
La Nuit de l’Homme, Editions Phloème, 2019
Variation autour de Moun, Revue de Poésies Plastiques, 2021
Continent, Editions Phloeme, 2022
Les Voies d’ossécaille, Editions Phloème, 2023
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biographie 

Longtemps, j’ai beaucoup appris. J’ai étudié les Lettres puis les Sciences, Sciences Cognitives, Epistémologie, Philosophie des Sciences, Sciences du langage. J’ai renversé ma tête au-dessous des étoiles pour observer et étudier les nébuleuses, j’ai scruté avec étonnement ce que des années de danse ont imprimé à mon corps, j’ai emporté partout avec moi mes instruments de musique et mon appareil argentique. Tout cela dans le monde qui tourne, et l’Homme qui y tisse patiemment son sens d’être, c’était alors ma fascination et ma nourriture d’écriture. Longtemps j’ai quêté une exigence poétique comme mode de vivre.

Ma poésie lentement comprend mieux son respir. Désormais je ne quête plus ; je vais, seulement, et la poésie n’est plus un mode. C’est vivre, à l’amplitude de l’insignifiant et du soulèvement, ces deux extrêmes où nous nous donnons et nous éprouvons sans cesse.

J’aime le vaste mouvement du partir. Ce qu’il engendre, de ce qu’il dénude et ce qu’il croît.

Je l’explore et patiemment – c’est à cela qu’œuvre la poésie – je l’aime. Cette amitié est le grand sens de la philia d’où a germé la philosophia.

Je ne voudrais plus qu’écouter le froissement immense et insoutenable de la pensée qui, dans un matin vigoureux et étonné, se déchire et se déploie.

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crédit photos : © Solène Artisié et Thomas Ruelle
merci à Laurie Courtois pour tout le travail fait en amont à Oulan Bator,
merci aux étudiantes
merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Anna Serra

Les arpenteurs poétiques – Anna Serra

 Diffusion : Jeudi 28 mars 2024 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 31 mars 2024 à 11h
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une émission préparée par Coralie Poch
avec la participation de Jean-Marc Barrier et Vincent Alvernhe

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> Anna Serra
> halte poétique ‘les échappées obliques’ : Laurence Nicola et Marie Huot
> le petit marché,
les coups de cœur des arpenteurs 

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Anna Serra

Anna Serra est une exploratrice des oralités du poème qu’elle fait vivre dans ce qu’elle nomme la poésie pulsée. Sa poésie est puissante, inspirée, cosmique. On sent dans son écriture la quête et la transmission de l’intensité d’écrire et de vivre. On sent surtout que pour Anna l’un ne va pas sans l’autre. Son écriture est un engagement dans le corps, dans le son, dans la vie. Une vibration qui résonne avec le monde. Anna, il faut l’écouter et la voir dire, pulser ses poèmes. Elle écrit dit sa poésie en français et en Catalan, la langue de sa terre d’origine. Elle a fondé l’association radio O pour donner une place aux pratiques orales et sonores de la poésie et a aussi initié la revue papier OR, une revue de poésie sonore et visuelle avec une application de réalité augmentée.
En ce moment, elle fait pousser une association de poésie pulsée dans une ferme du Morvan, un lieu qu’elle restaure au fil des mois, et qu’elle dédie à la poésie. Elle y organise un festival de poésie en juillet : « La vacance de la perle ».

Vous trouverez ici de nombreux textes pulsés par Anna ici : https://soundcloud.com/anna-serra-10

Le site d’Anna Serra : https://www.annaserra.fr/

revue OR : https://www.orrevue.com/

radioO : https://radioo.online/

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un poème  

la correspondance ce n’est pas rationnel
c’est poétique
c’est à dire que c’est sensationnel
ce sont des allers-retours sensationnels
entre les choses qui sont là
et celles qui ne sont pas là
nos corps réfléchissent encore
par correspondances
il y a toujours un fonctionnement
poétique en nous
qui nous donne vie par les sensations
surtout surtout
il donne vie à notre corps
en même temps qu’à l’univers
dans mon corps il y a un relais pour faire
passer le ciel
le ciel est un état que le poème élabore
il se dégage à la lecture de plusieurs vallées
mais l’unique relai pour sentir
le ciel est le lalala
le la l’amour

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musiques de l’émission

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halte poétique ‘les échappées obliques’ :
Laurence Nicola et Marie Huot

 

 

 

 

 

 

 

avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète (avec les voix de Laurence Bourgeois, Cécile Hug et Jean-Philippe Sadoux, à la technique Florian Auffray)

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Apparition, projections de diapositives réalisées en mica, 60 x 80 cm
Site de l’artiste : https://www.laurencenicola.com/labo/

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En écho des poèmes de Marie Huot, in Le nom de ce qui ne dort pas, ed. Al Manar

extrait

Dans ma nuit au carré multiplié à l’infini d’elle
dans ma nuit sans bord empilée sur ma nuit
dans ma nuit à pierre d’attente où une autre viendra
s’accoler
Ma voix blanche dit :
Quel est le nom de ce qui ne dort pas ?
Et sa question jetée tel un caillou rebondit en écho
sur chacune des parois de ma nuit

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musiques

As bestas, Olivier Arson
Aux portes de l’excès, Henriette

Vous pouvez retourver les échappées obliques sur Radio Transparence
www.radio-transparence.org/acceuil/categories/les-echapees-obliques

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halte poétique ‘le petit marché’

les coups de cœur des arpenteurs…

Jean-Marc :
un livre, Mon âme ne roule pas en Audi, de Dominique Sampiero, éditions L’herbe qui tremble.

Coralie : un livre, Border la bête, de Lune Vuillemin, éditions La contre-allée

Vincent : musique : Lucie Antunes, Ho ho, album Carnaval (2023)

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les portraits de Anna Serra sont de Marine Sanna, Jean-Claude Liehn, Gérard Vincent et Marco Caccialupi
merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Diffusion : Jeudi 22 février 2024 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 février 2024 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Vincent Alvernhe et Serge 
Haute-Hauw
(rediffusion partielle)

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> Ana Brnardić
>
halte poétique ‘les échappées obliques’ :
Forough Farrokhzad | Yosra Mojtahedi 

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Ana Brnardić

Allons dans le monde boisé et singulier d’Ana Brnardić, qui sait conjuguer profondeur des ressentis, porosité des corps et petites réalités domestiques – dressant ainsi un tableau très vif et joyeusement déroutant de notre vibration au monde. Elle dessine une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières.

Ana Brnardić, jeune poète croate, est éditée en français par les éditions de L’Ollave, dans sa collection domaine croate – ils sont traduits par Brankica Radić et Vanda Mikšić.

Ses textes, sa voix nous saisissent, comme de petits contes très intimes, allusifs ; ils dessinent une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières. Ce mélange épicé et doux, grave et léger ouvre un nouveau chemin poétique.

une poésie née du silence

Ana Brnardić est aussi violoniste professionnelle, elle nous écrit : « Il me semble qu’une bonne
partie de mon inspiration vient de l’écoute de toutes sortes de sons, d’une présence au monde sonore (…).Ce qui est le plus excitant pour moi actuellement, c’est le silence, le silence total – où tout peut advenir. Le silence, un silence tendu, avant le son le plus ténu, le plus fragile, imparfait, quelque chose entre le bruit et le son, qui émerge et naît dans une forme rythmique – mots, vers, phrases. »

née dans plusieurs langues

Et aussi : « Quand je pense à ma vie en écriture, je réalise que j’ai toujours eu le même point de départ, enraciné dans la nature… (sans intention préalable, la plupart des titres de mes livres comportent des noms d’animaux – serpents, oiseaux – ou d’arbres). C’est l’endroit où je me sens bien et duquel, à travers mes poèmes, j’ai pu aborder tout ce qui m’est important – grandir à la campagne, la guerre, les relations en famille, la maternité, la question du langage – ; tout cela est très politique, surtout dans mon pays. J’aime avoir grandi dans un pays, la Yougoslavie, où beaucoup de langues coexistaient, semblables mais différentes en syntaxe, en vocabulaire, nuances, phrasés… (ma grand-mère serbe habitait Zagreb, et parlait un mélange de serbe et de dialecte de Zagreb). C’est un bon départ pour un poète ! Car l’opinion règne parfois qu’il faut séparer drastiquement les langues, pour ne pas perdre ce que l’on nomme « notre identité », mais quel pauvre identité cela ferait !

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un poème  

Un arbre fortuit

Je suis un arbre, un arbre fortuit pour ma fille.
Elle me touche car je suis rugueux, car j’ai des racines
avec mes cinq orteils qui sortent de terre, pour ses petits pieds.
Mes yeux sont disposés sur des feuilles, 
frémissent dans le vent
et suivent leur fille du regard.

Les filles sont des planètes ardentes et dès que les fleurs
se redressent le matin dans leur lit, ces planètes brûlent déjà entre les pétales.

Les arbres ne connaissent pas la manière
qu’ont les filles de t’aimer et de t’adopter. Ils ne font que suivre de leurs feuilles
les boules de feu qui descendent le long des tiges,
dégringolent les pentes jusqu’au ruisseau gelé, dans une nuée de petites mains.

Ma mère aussi est un arbre fortuit.
Je me lève le matin, je prépare un café
et avec ma tasse je marche sur ses racines
dans lesquelles les trains se sont éteints,
les pensées refermées, seuls deux brins d’herbe ont frémi.
Mes pieds font de la musique sur des touches froides
et je sais que c’est un bonheur ordinaire et doux.

extrait de Devant toi le jour, éditions de l’Ollave
traduction Vanda Mikšić et Brankica Radić

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le livre


« Devant toi je jour », de Anna Brnardić

aux éditions de L’Ollave,
dans la collection Domaine croate, dans une traduction de Brankica Radić et Vanda Mikšić.

Ana Brnardić écoute le monde avec une oreille musicale. Ces poèmes-partitions superposent des époques de vie, les épreuves initiatiques d’une femme, l’expérience de la nature et de l’écriture, les sons les plus infimes, les pulsations, les vibrations, la respiration.

Un livre de 62 pages, au format 15 x 21 à la française, avec un portrait photographique de l’auteure. Un choix de poèmes traduits par Vanda Mikšić, Brankica Radić.
13 euros + 4 euros de frais d’envoi | ISBN: 979-10-94279-32-8

> commander le livre : http://www.ollave.org

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écouter un poème en croate, lu par l’auteure

https://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/des-marais-par-ana-brnardic

 

 

 

 

 

 

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quelques liens vers son travail : https://hrvatskodrustvopisaca.hr/hr/clanstvo/clan/ana-brnardic

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également disponible en français : l’épaule

L’épaule, poème de Ana Brnardic et peintures de Marie-Claire Avesque, collection fibre.s

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musiques de l’émission  

They sink, Ólafur Arnalds
Armaine’s Song, Yamaneko
The Boss Bossa-Nova, Sivert Høyem, in Lioness
Reminiscence, Ólafur Arnalds & Alice Sara Ott, The Chopin Project 
Mad Rush Organ, Philip Glass & Pantha du Prince, ReWork
RebirdRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
We did it, Thomas Dybdhal
ReemergenceRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
Strange daysAn Pierlé
Rehearsal, Andrey Dergatchev, ECM Selected Signs III-VIII

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les échappées obliques : Forough Farrokhzad | Yosra Mojtahedi 

avec Laurence Bourgeois, approchez une œuvre par la voie des ondes et en résonance des mots d’un poète. Aujourd’hui c’est une installation de Yosra Mojtahedi, Reliquiae MiraBilis

 

Sculpture interactive, art numérique et dessins augmentés, 2022
Video de l’installation : https://www.youtube.com/watch?v=xwGODSZy_OE
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En écho des poèmes de Forough Farrokhzad
extraits de l’Œuvre poétique complète, 1934-1967, ed. Lettres Persanes
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extrait :

Pourquoi m’arrêterais-je?
j’allaite de mes seins les grappes vertes du blé. La voix, la voix, seule la voix
La voix du désir clair de l’eau qui coule
La voix de l’écoulement de la lumière , de l’étoile
sur la féminité de la terre
La voix de la conception d’un embryon du sens
Et l’extension de l’esprit commun de l’amour
La voix, la voix, la voix, seule la voix demeure.

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musiques :

> Confluence, le chant des sources, Isabelle Courroy, O Skáros
> Pyromane, Clara Ysé
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> vous pouvez retrouver les échappées obliques sur Radio transparence :
https://www.radio-transparence.org/acceuil/categories/les-echapees-obliques

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remerciements à Adrian Oproiu pour avoir enregistrer la voix d’Ana Ana Brnardić
crédits photo : X, Nikola Kuprešanin, Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Thierry Pérémarti

Les arpenteurs poétiques – Thierry Pérémarti

Diffusion : Jeudi 25 janvier 2024 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 janvier 2024 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Vincent Alvernhe

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> Thierry Pérémarti
> halte poétique ‘les échappées obliques’ : Gorgia O’Keeffe et Laura Vazquez
> le petit marché,
les coups de cœur des arpenteurs 

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Thierry Pérémarti

Qu’il arpente les déserts ou les résonances intérieures des événements vécus, ressentis, Thierry Pérémarti creuse la langue, la pousse vers des recoins endormis. Il cherche la force du langage, ses limites, pour être au plus près.
Etabli depuis 1985 aux Etats-Unis, il a fréquenté les plus grands musiciens dans son activité de journaliste de jazz, mais aussi des peintres. Thierry Pérémarti vit à Dallas, après avoir habité New York et Los Angeles. Il a notamment publié en 2009 Visiting Jazz aux éditions Le mot et le reste, ouvrage regroupant les portraits intimes d’une centaine de musiciens.
Et c’est avec les mots qu’il plonge dans la matière de nos intériorités, mais ils sont chargés à la fois de musique et de retenue, celle des amoureux de l’authenticité.
C’est une plongée douce, avec éclats de crudité, c’est un ensorcellement feutré et tenu, une expérience où l’on se reconnaît, où l’on touche à la richesse de l’expérience de vivre, trésors et pertes, et cette ardeur qui nous prolonge. 

Né en 1957, il est l’auteur d’une quinzaine de recueils de poèmes entre 1976 et 1992, Thierry Pérémarti a collaboré en tant que chroniqueur à la revue de poésie Décharge de 1986 à 1992. Il est revenu à la poésie en 2015, et plusieurs livre sont nés, parus aux éditions Gros Textes, Abordo, La tête à l’envers, Douro, Phloème et en janvier 2024 aux Carnets du dessert de lune.

> voir son site https://thierryperemarti.com 

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un poème extrait de Un jour plus loin dans le jour

semer ou démolir
et vivre ailleurs

survivre en dedans
de tout ailleurs

d’un soi pour germer

respirer, jacent
disjoint pour se tourner
vers la montée du jour

l’aléa de l’air
qui veut et va

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dans le regard des mots
quoi s’inscrit

qui attire
le nu, ses lumières

je suis la lèvre
de tes premiers
baisers

l’ivresse meurtrie

rouverte la plaie
ne sachant
se taire

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parution de Un jour plus loin dans le jour

livre à paraître le 8 février 2024
mot de l’éditeur :
« Suivre les pas de Thierry Peremarti dans sa quête de vérité,
poème après poème, produit en nous comme un effet
vertigineux d’effacement. C’est perdre pied dans la lecture.
Chaque strophe est un commencement à neuf, où la pensée
se heurte à la grande équation qui résiste, refusant le biais de
tout expérience passée. Abandon du décorum, marche dans
l’abstrait, jusqu’au mélange des perceptions, terriblement
crues en même temps que vivantes, pour ne pas dire sauvages.
C’est l’effort de l’esprit chauffé à blanc qui voudrait embrasser
l’eau réelle de la vie, et qui chaque fois se trempe, se trompe
et recommence. »

 

 

 

 

 

 

 

 

un lien vers le livre sur le site de l’éditeur :
https://dessertdelune.com/boutique/lune-de-poche/un-jour-plus-loin-dans-le-jour/

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livres de Thierry Pérémarti

détail sur les éditions, artistes, et liens pour les acquérir : https://thierryperemarti.com/publications

 

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musiques de l’émission

Ólafur Arnalds – and we’ll leave it there… (feat. Ella McRobb) : https://www.youtube.com/watch?v=FDC3lc_5xc8

Walker, Ryuichi Sakamoto : https://www.youtube.com/watch?v=1MxvVacrT2M

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halte poétique ‘les échappées obliques’ :
Georgia O’Keeffe et Laura Vazquez

 

 

 

 

 

 

avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète.
Aujourd’hui Iris noir, une œuvre de Georgia O’Keeffe qu’accompagnent ici des textes de Laura Vazquez

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Black iris
Georgia O’Keeffe, huile sur toile 91,4 × 75,9 cm

Livre : Peindre au corps à corps, Les fleurs et Georgia O’Keeffe, Estelle Zhong Menghal, ed. Actes sud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En écho des poèmes de Laura Vazquez
extraits du recueil, Vous êtes de moins en moins réels, Laura Vazquez, ed. Points poésie

extrait

La lumière vient sur nous
parce que c’est un beau jour
Les dimensions aiment la lumière
Toutes les dimensions sont fortes et inoubliables
Au commencement il y eut une explosion
Et
C’est ce que j’ai cru
Chaque particule fuit
Je le sens
Que l’espace soit fini ou infini n’y change rien

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musiques

> Drosera, Myopia, Agnès Obel
> Novembre éternel, ELOI

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halte poétique ‘le petit marché’

les coups de cœur des arpenteurs…

 

 

 

 

 

 

Noée : un livre, Le Cœur pur, écrit par Sylvia Townsend Warner en 1929 (éditions Philippe Picquier)
Jean-Marc : un film, L’innocence de Hirokazu Kore-Eda,  2 h 07 mn, prix du scénario au festival de Cannes 2023.
Vincent : une chanson / Stéphane Milochevitch, Mississippi rêveur, dans le nouvel album « La Bonne Aventure » sorti le 13 octobre 2023

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les portraits de Thierry Pérémarti sont de Manny Rodriguez

merci à Corine Pagny qui a fait connaître Thierry Pérémarti à Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Askinia Mihaylova

Les arpenteurs poétiques – Askinia Mihaylova

 
Diffusion : Jeudi 28 décembre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 31 décembre 2023 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Jean-Marc Barrier

sommaire
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> Askinia Mihaylova
> halte poétique ‘les échappées obliques’ : Edi Dubien et Anna Milani

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Askinia Mihaylova

« Aksinia Mihaylova est une alchimiste. Elle s’empare de mots que nous croyons connaître, les emmène ailleurs, les plonge dans le puits de sa vie et nous les rend transfigurés. »
Nicolas Crousse, Le Soir Plus

Amoureuse de la langue française, née en Bulgarie, Askinia Mihaylova est d’abord traductrice, professeur. Parallèlement, elle commence à écrire des vers pour elle-même. Son premier recueil en bulgare paraît en 1994, elle a trente ans. L’amour, l’amour, c’est le sujet, le seul sujet.
Le lieu de tous les bonheurs et de tous les risques, de tous les dangers. Pas de mièvrerie. Des surprises, de la liberté. Les gestes simples de la vie de tous les jours en écho à la sensualité de la rencontre.

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livres en français

Ciel à  perdre (Gallimard, 2014)  Prix Apollinaire 2014
Le baiser du temps (Gallimard, 2019)  Prix Max Jacob 2020
et  Ciel à  perdre suivi de Le jardin des hommes (Poésie/Gallimard, 2021

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un poème de Askinia Mihaylova 

Le regard posé sur le ciel, la table nue.
Blanc J’étais la part féminine
de ton ombre,
celle qui pousse de ton talon gauche.
Je suivais en permanence
tes hésitations, tes peurs
je tournais habilement les rames
je me couchais dans tes pieds
ou bien liée au mat
je buvais de ton vin
et c’est ainsi que je traversais les détroits
de la tristesse. De nuit, tu me reconnaissais
tu m’appelais avec des noms différents
et me semais au fond
des entrailles féminines du hasard.
Je n’ai pas tissé de voiles,
j’ai cajolé des mots
mais les marées des mots sont versatiles ;
maintenant je ne suis ni l’eau
ni la terre ferme
ni la maison
où tu peux revenir.

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pour aller plus loin

l’émission « Ça rime à quoi » :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ca-rime-a-quoi/aksinia-mihaylova-pour-ciel-a-perdre-7884920

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halte poétique ‘les échappées obliques’ : Edi Dubien et Anna Milani

 

 

 

 

 

 

 

avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète.
Aujourd’hui Premier jour, une œuvre d’Edi Dubien qu’accompagnent ici des textes de Anna Milani.

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Premier jour
Crayon aquarelle et acrylique sur papier, 105 x 75 cm, 2018

Livre : Edi Dubien. L’homme aux mille natures, ed.musée d’Art contemporain de Lyon
France inter : Edi Dubien, poétique de l’infinie tendresse
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-jeudi-23-mars-2023-8495798

 

 

 

 

 

 

 

 

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En écho des poèmes D’Anna Milani
extraits de Géographie des steppes et des lisières, ed. Cheyne

extrait

Un oiseau a niché dans mon dos, sous
l’épaule gauche, entre l’omoplate et la
septième vertèbre dorsale. Depuis le
commencement de cette cohabitation, je
me questionne sur la nature hybride de
mon corps. Je regarde le ciel avec un air
de connivence. Je me tourne souvent pour
adopter la perspective de l’oiseau. J’aimerais
l’interroger sur les raisons d’un choix aussi insolite
pour l’emplacement d’un nid.
Mais nous n’avons pas d’occasion d’entretien.
Je réalise, tout de même, que porter
dans une région de mon corps l’abri d’un oiseau,
fait soudain de ma personne un lieu sûr.

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musiques

> The Glass House, Ryuichi Sakamoto, Alva Noto
> Nuit Forêt, Laura Cahen

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Les Ailes du désir

Les arpenteurs poétiques – Les Ailes du désir

 
Diffusion : Jeudi 23 novembre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 octobre 2023 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Coralie Poch, Jean-Marc Barrier et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Les ailes du désir ¬ Wim Wenders – Peter Handke
>
halte poétique ‘je te poème’
Jean-Marc Barrier va à la rencontre de Niklovens Fransaint
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Les Ailes du désir

Faire une émission de radio sur un film ? Donner à entendre les textes, la musique, et laisser de côté les images est sans aucun doute réducteur, mais le projet prend sens quand on entend les poèmes et les dialogues du film Les Ailes du désir, réalisé par Wim Wenders en 1987, et co-écrit avec l’écrivain Peter Handke. Car, tout simplement, ces textes « se tiennent », même seuls.

Le film Les Ailes du désir a été tourné à Berlin quand le mur coupait encore la ville. Les personnages principaux sont Damiel et Cassiel, deux anges bienveillants mais impuissants devant la douleur et le mal, seulement comptables en quelque sorte de ce qu’ils observent. Il y a aussi Marion, une trapéziste française, celle dont Damiel tombe amoureux et qui cause sa chute parmi les hommes, et Peter Falk, l’acteur américain du célèbre feuilleton Colombo, ici dans son propre rôle ; ou encore un lecteur de la bibliothèque nommé Homère, et ce n’est pas un hasard … On entend aussi la voix intérieure d’une foule d’anonymes que les anges écoutent. Le film est lyrique, beau – inoubliable.

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Les Ailes du désir

2h 08min / 1987 film de Wim Wenders, de Peter Handke et Wim Wenders
avec Bruno Ganz, Solveig Donmartin et Otto Sander

 

 

 

 

 

 

 

 

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le poème qui ouvre le film

Lorsque l’enfant était enfant,
il marchait les bras ballants,
il voulait que le ruisseau soit rivière
et la rivière, fleuve
que cette flaque soit la mer.
Lorsque l’enfant était enfant,
il ne savait pas qu’il était enfant,
tout pour lui avait une âme
et toutes les âmes étaient une.
Lorsque l’enfant était enfant,
il n’avait d’opinion sur rien,
il n’avait pas d’habitudes,
il s’asseyait souvent en tailleur,

démarrait en courant
avait une mèche rebelle
et ne faisait pas de mines quand on le
photographiait.

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le monologue d’Homère

Le monde paraît se noyer dans le crépuscule, mais je le raconte comme au début, dans ma monodie, qui me soutient, par le récit épargné des troubles du présent et protégé de l’avenir.
C’en est fini du grand souffle de jadis, du va-et-vient à travers les siècles. Je ne peux plus penser qu’au jour le jour.
Mes héros ne sont plus les guerriers et les rois, mais les choses de la paix, toutes égales entre elles.
Les oignons qui sèchent valant le tronc d’arbre qui traverse le marécage.
Mais nul n’a encore réussi à chanter une épopée de la paix. Pourquoi la paix ne peut-elle pas exalter, à la longue, ne se laisse-t-elle pas raconter ?
Renoncer ?
Si je renonce l’humanité perdra son conteur […]

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extraits de la bande originale du film

– Musique de Jürgen Knieper https://www.youtube.com/watch?v=FCtCclkUhxA
– Musique de Jürgen Knieper https://www.youtube.com/watch?v=-en2RocUV3I&list=PLUHln_JM0qnKUlOSvpanWBO32nzpRdFWq&index=5
– Crime and the City Solution « Six Bells Chime » https://www.youtube.com/watch?v=JPYQTHglLZ4
– Musique de Jürgen Knieper https://www.youtube.com/watch?v=EqB-Ibi0A4M
– Nick Cave and the bad seeds « From her to eternity » https://www.youtube.com/watch?v=mGOavpn7sbo
-Nick Cave & The Bad Seeds – Henry Lee ft. P.J Harvey https://www.youtube.com/watch?v=QzmMB8dTwGs

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halte poétique ‘je te poème’
Niklovens Fransaint


au Havre, en mars 2023, Jean-Marc Barrier a rencontré Niklovens Fransaint, poète et éditeur à Montpellier.

Niklovens Fransaint est né en 1996, à l’Estère, en Haïti. Récipiendaire du Prix Léopold Sédar Senghor 2018 et 2020 décerné par Africa Solidarietà, il vit en France depuis 2019. Il a contribué à diverses anthologies et revues. Il participe à L’Appeau’Strophe, une association et édition de poésie basées à Montpellier, en tant que poète et éditeur.

 

 

bibliographie

Ce bruit que fait vivre, L’Appeau’Strophe Éditions, Septembre 2022
Délit d’ombre, Éditions Unicité, Janvier 2023

traduction

Kalonnen de Ricardo Hyppolite, traduit Lapidation, L’Appeau’Strophe Éditions, Avril 2023

prix et distinctions 

Concours Poésie en liberté : Troisième prix palmarès des lycéens étrangers, 2017
Prix spécial Dis-moi dix mots, 2017
Premier prix palmarès des étudiants étrangers, 2019
Prix International de poésie Léopold Sédar Senghor : Premier prix en 2018, Deuxième prix en 2020
Premier prix au concours international de poésie Matiah Eckhard, 2018
Troisième prix Alphonse de Lamartine aux Jeux Floraux du Béarn, 2020

https://www.facebook.com/lorvens.fransaint/?locale=ms_MY
https://www.instagram.com/niklovensfr/?hl=fr
https://www.lappeaustrophe.com/

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halte poétique ‘le petit marché’

Vincent Alvernhe évoque…
It’s another nigth
. sur l’album : Can we do tomorrow another day ? de Galen & Paul

 

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Sonate d’automne

Les arpenteurs poétiques – Sonate d’automne

 
Diffusion : Jeudi 26 octobre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 29 octobre 2023 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire,
Coralie Poch, Jean-Marc Barrier et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Sonate d’automne
Noée Maire > Ocean Vuong, Gracela Baquero Ruibal,
Valérie Rouzeau, Dominique Maurizi, Jane Hirshfield
Jean-Marc Barrier > Roberto Juarroz, Antonio Ramos Rosa
Coralie Poch > Andreane Frenette-Vallières, Vanessa Courville
Vincent Alvernhe > Amanda Chong

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Sonate d’automne
poèmes aimés des arpenteurs

Une émission un peu différente, où chaque arpenteurs capte ce qui lui chante, qu’il a envie de partager. Ainsi Coralie Poch évoque avec Vanessa Courville  et Andréane Frenette-Vallières un rapport intime à la nature et la sororité féminine et Jean-Marc Barrier lit Roberto Juarroz et Antonio Ramos Rosa, qui parlent d’écoute et d’écriture, des échanges puissants entre l’intériorité et le monde. Noée Maire nous fera entendre Ocean Vuong, Gracela Baquero Ruibal, Valérie Rouzeau,  Dominique Maurizi et Jane Hirshfield, sur le thème de la famille. et Vincent Alvernhe nous fait découvrir  les poèmes forts et intimes  de Amanda Chong, poète de Singapour.
Quatre angles pour aborder la saison dans la belle diversité de voix ardentes.

 

 

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textes extraits de

Ciel de nuit blessé par balles, Ocean Vuong, éditions Mémoire d’encrier
Chroniques d’oubli, Gracela Baquero Ruibal, éditions Al Manar 2019
Pas revoir, Valérie Rouzeau, éditions La petite vermillon 2010
Septième rive, Dominique Maurizi, éditions La Tête à l’envers 2016
Come, thief / Viens, voleur, Jane Hirshfield, éditions Phloème 2018

Poésie verticale, Roberto Juarroz, éditions Corti
Animal regard, A la table du vent, Le livre de l’ignorance,
Respirer l’ombre vive
, Antonio Ramos Rosa, éditions Lettres vives
(traduction Michel Chandeigne)

Sestrales de Andréane Frenette-Vallières, éditions du noroît
Les miraculeuses de Vanessa Courville, éditions du noroît

Amanda Chong, in revue en ligne Catastrophes

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

Diffusion : Jeudi 28 septembre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er octobre 2023 à 11h

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cette émission diffusée en juin 2023 a été remixée : elle vous est proposée à nouveau dans ce nouveau format
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Coralie Poch, Serge Vaute-Hauw et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Svetlana Alexievitch
> halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs 

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Svetlana Alexievitch : La fin de l’homme rouge
poèmes de Marina Tsvetaïeva

Ce mois-ci, le cœur des arpenteurs bat au rythme de l’âme de la grande culture russe avec deux de ses voix: Svetlana Alexievitch, Biélorusse et Ukrainienne, qui a écrit en 2013 La Fin de l’homme rouge, ou le temps du désenchantement, et la poète Marina Tsétaïéva, morte en 1941. A travers la première, ce sont les voix du « peuple rouge » qui se font entendre, car Svletana Alexievitch écrit des livres de témoignage dans lesquels ceux qu’elle rencontre racontent leur vie, les petits riens, l’amour surtout, et derrière on devine la grande histoire, celle effroyablement violente de l’empire soviétique et de son effondrement.

Mon parti-pris a été de sélectionner dans les 676 pages du livre, uniquement des paroles de femmes, et uniquement celles qui les reliaient à la beauté du monde et au sens de la vie. La guerre, la torture, les génocides, la souffrance inouïe de ces gens sont bien dans le livre, et s’ils n’apparaissent dans l’émission qu’au détour d’une phrase, d’un mot parfois, on les devine.

Svetlana Alexievitch a reçu le prix Nobel de littérature en 2015. Dans son discours et sur le modèle de Flaubert qui se voyait « homme-plume », elle se dit « femme-oreille » : « Je suis à la recherche d’une langue. Les hommes ont beaucoup de langues : celle dans laquelle on parle aux enfants, celle dans laquelle on parle d’amour … Et puis la langue dans laquelle nous nous parlons à nous-mêmes, dans laquelle nous tenons des conversations intérieures […] J’aime la façon dont parlent les gens … J’aime les voix humaines solitaires. C’est ce que j’aime le plus, c’est ma passion.

Elle livre aussi son propre témoignage : « Je ne suis pas toute seule sur cette tribune, je suis entourée de voix, de centaines de voix, elles sont toujours avec moi. Depuis mon enfance. Je vivais à la campagne. Nous, les enfants, nous aimions bien jouer dehors, mais le soir nous étions attirés, comme par un aimant, par les bancs sur lesquels les vieilles babas fatiguées se rassemblaient près de leurs maisons […] Notre monde à nous, les enfants de l’après-guerre, était un monde de femmes. Je me rappelle surtout que les femmes parlaient non de la mort, mais de l’amour. Elles racontaient comment elles avaient dit adieu pour la dernière fois à ceux qu’elles aimaient, comment elles les avaient attendus et les attendaient encore. Les années avaient passé, et elles attendaient toujours : « il peut revenir sans bras, sans jambes, du moment qu’il revient … Je le porterai … Sans bras… Sans jambes …Je crois que j’ai su dès l’enfance ce que c’est que l’amour. »

Quant à Marina Tsétaïéva, elle aussi a été victime de la violence qui a secoué la Russie dans la première moitié du XX siècle, et même si lors de la révolution de 1917 elle avait choisi le camp des Blancs, elle m’a semblé tellement proche des témoignages de ces « femmes rouges ». Elle illustre cette phrase que Svetlana Alexievitch rapporte : La vie en Russie doit être féroce et sordide, du coup, l’âme s’élève, elle prend conscience qu’elle n’est pas de ce monde.

Noée Maire

 

 

 

 

 

 

 

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un poème de Marina Tsvetaïeva  

Refus d’être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre.
Avec des loups régents

Des rues – hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines –
Non ! – Glisser : je refuse –
Le long des dos en chaîne.

Oreilles obstruées,
Et mes yeux voient confus.
A ton monde insensé
Je ne dis que : refus.

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musiques de l’émission

Tchaïkovsky, Roméo et Juliette ouverture fantastique
Dakhabrakha, album Yahudky n°9
Short Paris, This is Moscow speaking
(Short Paris est un groupe russe qui questionne l’identité russe)
Dakhabrakha, Yahudky
Dakhabrakha, Alambari
Dakhabrakha, Ya Siv Ne V Toy Lutak
Clara Ysé, Soldat
Dakhabrakha, Dibrova

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halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo

Jean-Marc Barrier a rencontré ce poète mexicain lors d’un festival de poésie au Havre… Nous le découvrons en quelques poèmes,
et quelques réponses, juste avant la parution de son prochain livre Les desseins de l’intempérie, éditions Phloème.

Audomaro Hidalgo (Villahermosa, Tabasco, 1983).
Poète, essayiste et traducteur mexicain. Il a publié Incision (éditions Phloème, 2022), Sajadura (Enésima, 2022), Madre saturno (SCT, 2020), Pequeña historia de la destrucción (Circulo de Poesía/Valparaíso, 2017), et El fuego de las noches (IEC, 2012). Il a traduit Medea de Pascal Quignard, Apocalypse pour notre temps de Yves Ouallet, et il est aussi l’auteur de l’anthologie El gallo y la serpiente. Poesía francesa actual. 1967-1990. Ses poèmes ont été inclus dans les anthologies Muestra de literatura joven de México, Antología de poesía contemporánea. México-Colombia; Antología de Jóvenes Creadores del FONCA et 20 años de poesía joven en México. Il a été boursier de la Fondation pour les Lettres Mexicaines, du Fond National pour la Culture et les Arts, du Fond de l’Etat pour la Culture et les Arts de Tabasco, du Programme d’Appui pour la Création et le Développement Artistique et du Programme Académique de l’Union des Universités de l’Amérique-Latine. Il a obtenu le Prix de Poésie «José Carlos Becerra» 2013 et le Prix National de Poésie «Juana de Asbaje» 2010. Il a étudié la Littérature Hispanoaméricaine à l’Université National du Littoral, à Santa Fe, en Argentine. Il est diplômé du Master en Lettres, Arts et Langues de l’Université du Havre. Il vit en France depuis six ans.

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un poème de Audomaro Hidalgo

Pájaros

Pájaros en el centro del verano,
profusos como un paisaje de mástiles,
cantando cerca pero lejos.
Marinos y terrestres pájaros,
sombríos y solares,
fugitivos, errantes, estacionarios.
Pájaros pendencieros
al fondo de mi sangre.
Bandadas de colores y de nombres:
pájaros de papel colmando
el cielo policromo de mi infancia.
Pájaros de placer que rozan
con su caliente sombra
las cinturas desnudas de la tierra;
un oleaje oscuro de pájaros
como una mano abierta,
posada en la blancura de tu vientre.
Pájaros más incandescentes que las galaxias,
más altivos que el fuego de los astros,
cantando cerca pero lejos.
Pájaros que desgarran,
pliegan el tiempo en cada aleteo,
viaja con ellos el espacio:
pájaros en el mar normando,
desde el Golfo de México vinieron
puntuales a las cinco de la tarde.
Pájaros que me buscan o que busco,
no importa, da lo mismo,
espero siempre, paciente los escucho.
Oigo sus vuelos entre dos siglos,
en una calle donde estuve
y que hoy me sale al paso en otra calle.
Pájaros engendrados por mi deseo,
colgados del alambre del horizonte
eléctrico, filoso, deslumbrante.
En la hora ardiente del verano
mi ser de pájaro con ellos canta.

Oiseaux

Oiseaux en plein cœur de l’été,
profus comme un paysage de mâts,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux marins et terrestres,
sombres et solaires,
fugitifs, errants, stationnaires.
Oiseaux querelleurs
au fond de mon sang.
Nuée de couleurs et de noms:
oiseaux en papier remplissant
le ciel polychrome de mon enfance.
Oiseaux de plaisir frôlant
de leur ombre chaude
les hanches nues de la terre ;
houle obscure d’oiseaux
comme une main ouverte,
posée sur la blancheur de ton ventre.
Oiseaux plus incandescents que les galaxies,
plus fiers que le feu des astres,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux qui déchirent,
plient le temps à chaque battement d’ailes,
voyage avec eux l’espace :
oiseaux sur la mer normande
arrivés du Golfe du Mexique
précis à cinq heures de l’après-midi.
Oiseaux qui me cherchent ou que je cherche,
qu’importe, c’est du pareil,
toujours j’attends, patient je les écoute.
J’entends leurs vols entre deux siècles,
dans une rue que j’ai parcourue
et qui dans une autre résonne aujourd’hui en moi.
Oiseaux engendrés par mon désir,
suspendus au fil de l’horizon
électrique, vif, éclatant.
À l’heure brûlante de l’été
mon être d’oiseau chante avec eux.

Traduit par Gaëtane Muller Vasseur

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Alen Brlek

Les arpenteurs poétiques – Alen Brlek

 
Diffusion : Jeudi 27 octobre 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 octobre 2022 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Serge Vaute-Hauw et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Alen Brlek
>
halte poétique ‘je te poème’
Jean-Marc Barrier va à la rencontre de Martine Audet
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Alen Brlek

Alen Brlek a 34 ans, il est auteur de recueils de poèmes : Métalmorphoses (2015), Silence primordial (2017) et Sang (2019).
Il a été primé plusieurs fois et ses poèmes sont traduits en une dizaine de langues.
Beaucoup d’ellipses dans ses poèmes, des raccourcis qui ouvrent à une rêverie que le lecteur nourrit de lui-même. Et une sorte de rage calme qui s’oppose. A quoi ? Peut-être à une approche distraite de la vie, ou à une forme de consentement passif à l’état des choses, une ignorance du brillant des instants.

Monika Herceg écrit sur la quatrième de couverture de Théories nocturnes : « La poésie d’Alen Brlek est un événement de la langue, d’un minimalisme et d’une parcimonie verbale qui rendent palpable une posture méditative, une profondeur émotionelle, et même un sentiment de gratitude. Quelle a été l’impulsion pour une telle écriture ? Certainement une écoute attentive de la vie, perceptible dans chaque vers d’Alen Brlek ; il est jardinier, celui qui cultive, mais aussi celui qui se consacre à la terre en tant que métaphore permanente des phrases. Il est aussi révolutionnaire, il fait un « croche-pied à l’Etat, à Google », profondément convaincu que notre capacité d’amour est ce qui nous sauvera, que nous sommes tous liés les uns aux autres, que nous avons une responsabilité et que le temps est venu de « verser les humains dans les humains ». Sa poésie est à la fois tendre et curative, mais aussi un appel permanent à la révolte, non par les armes, mais à la révolte par l’attention portée les uns aux autres. »

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un poème

Aujourd’hui c’est dimanche, je respire terriblement mou
tel un cerf une flèche dans le cou. C’est là que
des milliers de chiens de chasse se précipitent dans mes bras.
Le matin je lis le silence des oiseaux ensommeillés, le bruit
de la vaisselle toujours en rapport avec l’espace entre deux sujets
la vue du balcon présente la même distance.
À midi je regarde dans la glace et je répète
– tout est rêve, tout est rêve.
Plus tard je lis en profondeur ce qui est dit, j’attends les symboles
et les symbioses, et encore quelques s. Comme suite, comme
sourire, sommeil
solution.
Le soir je lis des articles sur des gens qui fuient les guerres
et la faim sur la mort de la poésie et la mer, je pleure
et tout penche vers le bleu. Aujourd’hui c’est dimanche,
je te devine dans tout,
je t’attends dans tout. 

extrait du livre Théories nocturnes, éditions de l’Ollave, collection Domaine croate
http://www.ollave.org

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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halte poétique ‘je te poème’
Martine Audet


à Paris, lors du Marché de la poésie en juin 2022
Jean-Marc Barrier a rencontré Martine Audet, à qui une émission des 
arpenteurs a déjà été consacrée.

Voix incontournable de la poésie actuelle,Martine Audet a publié, depuis 1996, une douzaine de livres de poésie, principalement aux Éditions du Noroît et à l’Hexagone, ainsi que deux albums pour enfants. Certains de ses poèmes ont été traduits en anglais, catalan, espagnol, italien, tchèque et allemand. Entre autres distinctions, elle a reçu les prix Alain-Grandbois et Estuaire et a été finaliste à de nombreux prix dont le Gouverneur Général et le Grand prix du livre de la Ville de Montréal. Elle est membre de l’Académie des lettres du Québec.

Elle nous parle de son écriture, nous lit des extraits de son livre La société des cendres, suivi de Des lames entières, éd. du Noroît, 2019, livre qui a recç le prix du Gouverneur général 2020 et le Grand prix Québecor (ex-aequo) 2020 du Festival international de la poésie de Trois-Rivières.

« Suie, pleurs, étoiles, neiges et quelques floraisons, le poème n’est-il pas, comme les cendres, ce que l’on recueille avant la dispersion? Et le geste, le souffle du poète, celui d’un laveur/laveuse de cendres?
Dans un enchaînement de glissements, de heurts et d’abandons, et sans jamais éviter le cœur, les poèmes de La société des cendres tentent de dégager l’empreinte, volatile certes, mais néanmoins fascinante, des tumultes, éclats et mystères de notre présence autant que de notre absence à l’autre et au monde.
La deuxième partie, Des lames entières (d’abord paru en livre d’artiste avec des gravures de François-Xavier Marange), s’attarde, quant à elle, à ce qui construit ou entrave les mouvements parfois tranchants, parfois de fond, du comment être, à même la perte et ses souffrances, pour ouvrir un passage, entre désir et peur, à de possibles métamorphoses. »

 

https://lenoroit.com/poetes/martine-audet/

https://www.lyrikline.org/fr/poemes/dans-lattente-des-couleurs-4968#.UnK5xoURuCo

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halte poétique ‘le petit marché” 

Vincent : Nous écoutons Lily.

 

 

 

 

 

 

Chanson nichée au milieu du dernier disque de Bill Callahan YTI⅃AƎЯ. (oct 2022). C’est le 19e album de l’américain, artiste prolixe et rarement décevant.
« Un des plus beaux morceaux est sans doute Lily, une “death song”, chanson tombeau écrite pour l’aimé : c’est une ballade à la guitare, un peu à la Léonard Cohen, mais augmentée de sons bidouillés comme Bill Callahan en a beaucoup enregistrés à ses débuts, et surtout la chanson est trouée de silences, manière de suspendre l’écoute, d’obliger à une attention plus soutenue. »
Lucile Commeaux France Culture

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

 
Diffusion : Jeudi 22 juin 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 juin 2023 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Coralie Poch, Serge Vaute-Hauw et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Svetlana Alexievitch
> halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs 

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La Fin de l’homme rouge
de Svetlana Alexievitch
poèmes de Marina Tsvetaïeva

Ce mois-ci, le cœur des arpenteurs bat au rythme de l’âme de la grande culture russe avec deux de ses voix: Svetlana Alexievitch, Biélorusse et Ukrainienne, qui a écrit en 2013 La Fin de l’homme rouge, ou le temps du désenchantement, et la poète Marina Tsétaïéva, morte en 1941. A travers la première, ce sont les voix du « peuple rouge » qui se font entendre, car Svletana Alexievitch écrit des livres de témoignage dans lesquels ceux qu’elle rencontre racontent leur vie, les petits riens, l’amour surtout, et derrière on devine la grande histoire, celle effroyablement violente de l’empire soviétique et de son effondrement.

Mon parti-pris a été de sélectionner dans les 676 pages du livre, uniquement des paroles de femmes, et uniquement celles qui les reliaient à la beauté du monde et au sens de la vie. La guerre, la torture, les génocides, la souffrance inouïe de ces gens sont bien dans le livre, et s’ils n’apparaissent dans l’émission qu’au détour d’une phrase, d’un mot parfois, on les devine.

Svetlana Alexievitch a reçu le prix Nobel de littérature en 2015. Dans son discours et sur le modèle de Flaubert qui se voyait « homme-plume », elle se dit « femme-oreille » : « Je suis à la recherche d’une langue. Les hommes ont beaucoup de langues : celle dans laquelle on parle aux enfants, celle dans laquelle on parle d’amour … Et puis la langue dans laquelle nous nous parlons à nous-mêmes, dans laquelle nous tenons des conversations intérieures […] J’aime la façon dont parlent les gens … J’aime les voix humaines solitaires. C’est ce que j’aime le plus, c’est ma passion.

Elle livre aussi son propre témoignage : « Je ne suis pas toute seule sur cette tribune, je suis entourée de voix, de centaines de voix, elles sont toujours avec moi. Depuis mon enfance. Je vivais à la campagne. Nous, les enfants, nous aimions bien jouer dehors, mais le soir nous étions attirés, comme par un aimant, par les bancs sur lesquels les vieilles babas fatiguées se rassemblaient près de leurs maisons […] Notre monde à nous, les enfants de l’après-guerre, était un monde de femmes. Je me rappelle surtout que les femmes parlaient non de la mort, mais de l’amour. Elles racontaient comment elles avaient dit adieu pour la dernière fois à ceux qu’elles aimaient, comment elles les avaient attendus et les attendaient encore. Les années avaient passé, et elles attendaient toujours : « il peut revenir sans bras, sans jambes, du moment qu’il revient … Je le porterai … Sans bras… Sans jambes …Je crois que j’ai su dès l’enfance ce que c’est que l’amour. »

Quant à Marina Tsétaïéva, elle aussi a été victime de la violence qui a secoué la Russie dans la première moitié du XX siècle, et même si lors de la révolution de 1917 elle avait choisi le camp des Blancs, elle m’a semblé tellement proche des témoignages de ces « femmes rouges ». Elle illustre cette phrase que Svetlana Alexievitch rapporte : La vie en Russie doit être féroce et sordide, du coup, l’âme s’élève, elle prend conscience qu’elle n’est pas de ce monde.

Noée Maire

 

 

 

 

 

 

 

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un poème de Marina Tsvetaïeva  

Refus d’être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre.
Avec des loups régents

Des rues – hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines –
Non ! – Glisser : je refuse –
Le long des dos en chaîne.

Oreilles obstruées,
Et mes yeux voient confus.
A ton monde insensé
Je ne dis que : refus.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

musiques de l’émission

Tchaïkovsky, Roméo et Juliette ouverture fantastique
Dakhabrakha, album Yahudky n°9
Short Paris, This is Moscow speaking
(Short Paris est un groupe russe qui questionne l’identité russe)
Dakhabrakha, Yahudky
Dakhabrakha, Alambari
Dakhabrakha, Ya Siv Ne V Toy Lutak
Clara Ysé, Soldat
Dakhabrakha, Dibrova

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo

Jean-Marc Barrier a rencontré ce poète mexicain lors d’un festival de poésie au Havre… Nous le découvrons en quelques poèmes,
et quelques réponses, juste avant la parution de son prochain livre Les desseins de l’intempérie, éditions Phloème.

Audomaro Hidalgo (Villahermosa, Tabasco, 1983).
Poète, essayiste et traducteur mexicain. Il a publié Incision (éditions Phloème, 2022), Sajadura (Enésima, 2022), Madre saturno (SCT, 2020), Pequeña historia de la destrucción (Circulo de Poesía/Valparaíso, 2017), et El fuego de las noches (IEC, 2012). Il a traduit Medea de Pascal Quignard, Apocalypse pour notre temps de Yves Ouallet, et il est aussi l’auteur de l’anthologie El gallo y la serpiente. Poesía francesa actual. 1967-1990. Ses poèmes ont été inclus dans les anthologies Muestra de literatura joven de México, Antología de poesía contemporánea. México-Colombia; Antología de Jóvenes Creadores del FONCA et 20 años de poesía joven en México. Il a été boursier de la Fondation pour les Lettres Mexicaines, du Fond National pour la Culture et les Arts, du Fond de l’Etat pour la Culture et les Arts de Tabasco, du Programme d’Appui pour la Création et le Développement Artistique et du Programme Académique de l’Union des Universités de l’Amérique-Latine. Il a obtenu le Prix de Poésie «José Carlos Becerra» 2013 et le Prix National de Poésie «Juana de Asbaje» 2010. Il a étudié la Littérature Hispanoaméricaine à l’Université National du Littoral, à Santa Fe, en Argentine. Il est diplômé du Master en Lettres, Arts et Langues de l’Université du Havre. Il vit en France depuis six ans.

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un poème de Audomaro Hidalgo

Pájaros

Pájaros en el centro del verano,
profusos como un paisaje de mástiles,
cantando cerca pero lejos.
Marinos y terrestres pájaros,
sombríos y solares,
fugitivos, errantes, estacionarios.
Pájaros pendencieros
al fondo de mi sangre.
Bandadas de colores y de nombres:
pájaros de papel colmando
el cielo policromo de mi infancia.
Pájaros de placer que rozan
con su caliente sombra
las cinturas desnudas de la tierra;
un oleaje oscuro de pájaros
como una mano abierta,
posada en la blancura de tu vientre.
Pájaros más incandescentes que las galaxias,
más altivos que el fuego de los astros,
cantando cerca pero lejos.
Pájaros que desgarran,
pliegan el tiempo en cada aleteo,
viaja con ellos el espacio:
pájaros en el mar normando,
desde el Golfo de México vinieron
puntuales a las cinco de la tarde.
Pájaros que me buscan o que busco,
no importa, da lo mismo,
espero siempre, paciente los escucho.
Oigo sus vuelos entre dos siglos,
en una calle donde estuve
y que hoy me sale al paso en otra calle.
Pájaros engendrados por mi deseo,
colgados del alambre del horizonte
eléctrico, filoso, deslumbrante.
En la hora ardiente del verano
mi ser de pájaro con ellos canta.

Oiseaux

Oiseaux en plein cœur de l’été,
profus comme un paysage de mâts,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux marins et terrestres,
sombres et solaires,
fugitifs, errants, stationnaires.
Oiseaux querelleurs
au fond de mon sang.
Nuée de couleurs et de noms:
oiseaux en papier remplissant
le ciel polychrome de mon enfance.
Oiseaux de plaisir frôlant
de leur ombre chaude
les hanches nues de la terre ;
houle obscure d’oiseaux
comme une main ouverte,
posée sur la blancheur de ton ventre.
Oiseaux plus incandescents que les galaxies,
plus fiers que le feu des astres,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux qui déchirent,
plient le temps à chaque battement d’ailes,
voyage avec eux l’espace :
oiseaux sur la mer normande
arrivés du Golfe du Mexique
précis à cinq heures de l’après-midi.
Oiseaux qui me cherchent ou que je cherche,
qu’importe, c’est du pareil,
toujours j’attends, patient je les écoute.
J’entends leurs vols entre deux siècles,
dans une rue que j’ai parcourue
et qui dans une autre résonne aujourd’hui en moi.
Oiseaux engendrés par mon désir,
suspendus au fil de l’horizon
électrique, vif, éclatant.
À l’heure brûlante de l’été
mon être d’oiseau chante avec eux.

Traduit par Gaëtane Muller Vasseur

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques