Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Diffusion : Jeudi 22 février 2024 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 février 2024 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Vincent Alvernhe et Serge 
Haute-Hauw
(rediffusion partielle)

sommaire
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> Ana Brnardić
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halte poétique ‘les échappées obliques’ :
Forough Farrokhzad | Yosra Mojtahedi 

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Ana Brnardić

Allons dans le monde boisé et singulier d’Ana Brnardić, qui sait conjuguer profondeur des ressentis, porosité des corps et petites réalités domestiques – dressant ainsi un tableau très vif et joyeusement déroutant de notre vibration au monde. Elle dessine une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières.

Ana Brnardić, jeune poète croate, est éditée en français par les éditions de L’Ollave, dans sa collection domaine croate – ils sont traduits par Brankica Radić et Vanda Mikšić.

Ses textes, sa voix nous saisissent, comme de petits contes très intimes, allusifs ; ils dessinent une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières. Ce mélange épicé et doux, grave et léger ouvre un nouveau chemin poétique.

une poésie née du silence

Ana Brnardić est aussi violoniste professionnelle, elle nous écrit : « Il me semble qu’une bonne
partie de mon inspiration vient de l’écoute de toutes sortes de sons, d’une présence au monde sonore (…).Ce qui est le plus excitant pour moi actuellement, c’est le silence, le silence total – où tout peut advenir. Le silence, un silence tendu, avant le son le plus ténu, le plus fragile, imparfait, quelque chose entre le bruit et le son, qui émerge et naît dans une forme rythmique – mots, vers, phrases. »

née dans plusieurs langues

Et aussi : « Quand je pense à ma vie en écriture, je réalise que j’ai toujours eu le même point de départ, enraciné dans la nature… (sans intention préalable, la plupart des titres de mes livres comportent des noms d’animaux – serpents, oiseaux – ou d’arbres). C’est l’endroit où je me sens bien et duquel, à travers mes poèmes, j’ai pu aborder tout ce qui m’est important – grandir à la campagne, la guerre, les relations en famille, la maternité, la question du langage – ; tout cela est très politique, surtout dans mon pays. J’aime avoir grandi dans un pays, la Yougoslavie, où beaucoup de langues coexistaient, semblables mais différentes en syntaxe, en vocabulaire, nuances, phrasés… (ma grand-mère serbe habitait Zagreb, et parlait un mélange de serbe et de dialecte de Zagreb). C’est un bon départ pour un poète ! Car l’opinion règne parfois qu’il faut séparer drastiquement les langues, pour ne pas perdre ce que l’on nomme « notre identité », mais quel pauvre identité cela ferait !

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un poème  

Un arbre fortuit

Je suis un arbre, un arbre fortuit pour ma fille.
Elle me touche car je suis rugueux, car j’ai des racines
avec mes cinq orteils qui sortent de terre, pour ses petits pieds.
Mes yeux sont disposés sur des feuilles, 
frémissent dans le vent
et suivent leur fille du regard.

Les filles sont des planètes ardentes et dès que les fleurs
se redressent le matin dans leur lit, ces planètes brûlent déjà entre les pétales.

Les arbres ne connaissent pas la manière
qu’ont les filles de t’aimer et de t’adopter. Ils ne font que suivre de leurs feuilles
les boules de feu qui descendent le long des tiges,
dégringolent les pentes jusqu’au ruisseau gelé, dans une nuée de petites mains.

Ma mère aussi est un arbre fortuit.
Je me lève le matin, je prépare un café
et avec ma tasse je marche sur ses racines
dans lesquelles les trains se sont éteints,
les pensées refermées, seuls deux brins d’herbe ont frémi.
Mes pieds font de la musique sur des touches froides
et je sais que c’est un bonheur ordinaire et doux.

extrait de Devant toi le jour, éditions de l’Ollave
traduction Vanda Mikšić et Brankica Radić

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le livre


« Devant toi je jour », de Anna Brnardić

aux éditions de L’Ollave,
dans la collection Domaine croate, dans une traduction de Brankica Radić et Vanda Mikšić.

Ana Brnardić écoute le monde avec une oreille musicale. Ces poèmes-partitions superposent des époques de vie, les épreuves initiatiques d’une femme, l’expérience de la nature et de l’écriture, les sons les plus infimes, les pulsations, les vibrations, la respiration.

Un livre de 62 pages, au format 15 x 21 à la française, avec un portrait photographique de l’auteure. Un choix de poèmes traduits par Vanda Mikšić, Brankica Radić.
13 euros + 4 euros de frais d’envoi | ISBN: 979-10-94279-32-8

> commander le livre : http://www.ollave.org

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écouter un poème en croate, lu par l’auteure

https://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/des-marais-par-ana-brnardic

 

 

 

 

 

 

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quelques liens vers son travail : https://hrvatskodrustvopisaca.hr/hr/clanstvo/clan/ana-brnardic

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également disponible en français : l’épaule

L’épaule, poème de Ana Brnardic et peintures de Marie-Claire Avesque, collection fibre.s

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musiques de l’émission  

They sink, Ólafur Arnalds
Armaine’s Song, Yamaneko
The Boss Bossa-Nova, Sivert Høyem, in Lioness
Reminiscence, Ólafur Arnalds & Alice Sara Ott, The Chopin Project 
Mad Rush Organ, Philip Glass & Pantha du Prince, ReWork
RebirdRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
We did it, Thomas Dybdhal
ReemergenceRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
Strange daysAn Pierlé
Rehearsal, Andrey Dergatchev, ECM Selected Signs III-VIII

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les échappées obliques : Forough Farrokhzad | Yosra Mojtahedi 

avec Laurence Bourgeois, approchez une œuvre par la voie des ondes et en résonance des mots d’un poète. Aujourd’hui c’est une installation de Yosra Mojtahedi, Reliquiae MiraBilis

 

Sculpture interactive, art numérique et dessins augmentés, 2022
Video de l’installation : https://www.youtube.com/watch?v=xwGODSZy_OE
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En écho des poèmes de Forough Farrokhzad
extraits de l’Œuvre poétique complète, 1934-1967, ed. Lettres Persanes
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extrait :

Pourquoi m’arrêterais-je?
j’allaite de mes seins les grappes vertes du blé. La voix, la voix, seule la voix
La voix du désir clair de l’eau qui coule
La voix de l’écoulement de la lumière , de l’étoile
sur la féminité de la terre
La voix de la conception d’un embryon du sens
Et l’extension de l’esprit commun de l’amour
La voix, la voix, la voix, seule la voix demeure.

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musiques :

> Confluence, le chant des sources, Isabelle Courroy, O Skáros
> Pyromane, Clara Ysé
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> vous pouvez retrouver les échappées obliques sur Radio transparence :
https://www.radio-transparence.org/acceuil/categories/les-echapees-obliques

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remerciements à Adrian Oproiu pour avoir enregistrer la voix d’Ana Ana Brnardić
crédits photo : X, Nikola Kuprešanin, Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

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