Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Diffusion : Jeudi 27 avril 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 avril 2023 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire et Vincent Alvernhe
(rediffusion partielle)

sommaire
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> Claude Esteban
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’ : Pascal Comelade
> halte poétique ‘je te poème’ : Nour Cadour
> halte poétique ‘le petit marché’les coups de cœur des arpenteurs

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Claude Esteban

Une voix, qui accompagne, une figure aussi. Homme de solitude et de partages, poète, traducteur, directeur de revue et de collections… Claude Esteban et ses textes existent avec la même force et une belle attention, une proximité à la vie.

Il porte dans son nom les deux racines espagnole et française qui le placent entre deux langues, l’a ouvert à toute traduction du vivre, des textes, des amitiés.

Empruntons ces mots très justes à Gil Pressnitzer : « Pour Claude Esteban, le partage des mots ne devait que nous rendre présents à l’étrangeté du monde, et à la proximité du vide (…) Ces titres nous le révèlent. Lui,  l’étranger devant la porte, a voulu prendre le risque d’entrer de l’autre côté – au risque du néant. Du presque rien.
La poésie de Claude Esteban est une route blanche. Il y chemine en glanant les morceaux du vent.Il fallait trouver la juste pierre au bon endroit, ainsi se présentent ses poèmes. » 

un poème lu par Vincent Alvernhe : https://www.youtube.com/watch?v=OdEWd92ib2M

photographies © Durigneux

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bibliographie

https://bib.ens.psl.eu/sites/default/files/inline-files/202101_Claude_Esteban_bibliographie_0.pdf

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un poème  

Ce qui ne parle pas,
je l’écoute

Ce qui n’a pas de lieu,
je le retrouve dans son lieu

Ce qui tombe,
je me retiens à son assise.

Je vois vivre
tout ce qui meurt.

Je disparais
avec ce qui demeure

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un autre poème
extrait de Conjoncture du corps et du jardin

Je t’aime depuis toujours. Je t’emprisonne dans une image.
Je te rends aux chemins, toi qui mourais dans chaque fleur.
Délaisse nos saisons. Altère le savoir des signes. L’air est sublime.
Le ciel monte. Nous marcherons comme si dieu dormait.

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à propos de Claude Esteban

L’œuvre de Claude Esteban est tout entière placée sous le signe d’une expérience de la langue qui tient pour une part décisive de la traduction : poète attentif au retrait du sensible dans la formulation verbale, prosateur vif tour à tour ironique et méditatif, affrontant l’expérience du deuil ou l’irréparable du bilinguisme, comme la mémoire évasive des tableaux ou des livres, il fut aussi un critique d’art éclairé et le passeur, en langue française, d’écrivains de langue espagnole tels que Quevedo, Jorge Guillén (Cantique, 1977) ou Octavio Paz (Le Singe grammairien, 1972, notamment). Cependant, cet écrivain épris de solitude, et dont l’œuvre ne peut être aisément rattachée à tel ou tel des courants de la poésie française des quarante dernières années, a su rester ouvert aux entreprises collectives dont il prit la responsabilité, à la direction de la prestigieuse revue Argile qui assura aux éditions Maeght le relais de L’Éphémère, à la tête de la collection Poésie chez Flammarion, au cours des traductions collectives de la fondation de Royaumont comme à la présidence de la Maison des écrivains.

Claude Esteban venait de faire paraître Le Jour à peine écrit (2006), anthologie de ses poèmes publiés de 1967 à 1992 : ce volume donne la mesure d’une trajectoire poétique qui trouva à se formuler dans des directions diverses mais toujours corrélées. En effet, le poète solaire et tellurique de La Saison dévastée (1968), premier recueil fondateur, a conduit pendant quarante ans une expérience d’écriture dont la diversité laisse transparaître une attention permanente au travail du visible et à l’inachevé. La forme ramassée de la plupart de ses poèmes répond à une vocation originaire, dont les premiers recueils, réunis en 1979 sous le titre Terres, travaux du cœur, portent l’empreinte. Renonçant à exercer sur le monde sensible une souveraineté dont elle connaît la nature précaire, la langue s’efforce cependant de rendre compte de l’instant, du fragment, de ces Morceaux de ciel, presque rien (titre d’un recueil paru en 2001) dont elle donne la mesure sous une forme explicitement classique : en distiques souvent, en mètres réguliers parfois. Ainsi ce contemporain mélancolique et réservé, extrêmement attentif aux formes les plus innovantes de la langue poétique, a-t-il théorisé dans Critique de la raison poétique (1987), avec sa retenue coutumière et une pointe de provocation aussi, ses méfiances à l’endroit de l’image issue du surréalisme, des pratiques formelles de rupture, et sa propre passion pour l’inactuel.

Attaché à l’immédiat, (fût-il étroitement conjoint à l’inaccessible), Claude Esteban a composé des recueils poétiques (on retiendra Le Nom et la demeure, 1985 ; Élégie de la mort violente, 1989 ; Quelqu’un commence à parler dans une chambre, 1995 ; Étrangers devant la porte, 2001) dont la succession s’accompagne de proses et d’essais d’une nature fort proche, et qu’il paraît vain de distinguer fondamentalement des poèmes proprement dits. Il y est question aussi bien de la traversée des langues et d’une expérience fondatrice du Partage des mots (1990), comme de l’expérience lumineuse et désolée à la fois des tableaux d’Edward Hopper, dans le beau Soleil dans une pièce vide (1991). De même, lorsque Claude Esteban rassemble dans Poèmes parallèles (1980) des textes de Góngora, Quevedo, Jiménez, Guillén, Aleixandre, Vallejo, Paz, Pizarnik, Pessoa et Gimferrer, il accompagne cette anthologie d’un bref essai qui indique à quel point l’expérience de l’œuvre traduite s’inscrit dans la continuité

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halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’
Pascal Comelade

Vincent Alvernhe nous propose un extrait de ce livre de Thomas Vinau, un texte consacré à Pascal Comelade
[L’originalité de l’œuvre de Pascal Comelade s’affiche entre autres dans sa manière de tenter une conciliation entre toutes les formes de la musique populaire sous l’angle de l’omniprésence en elle de la notion de répétition.]

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halte poétique ‘je te poème’ : Nour Cadour

Jean-Marc Barrier a rencontré
cette jeune poète et artiste franco-syrienne
lors d’un festival de poésie au Havre…

Nous la découvrons en quelques poèmes,
et quelques réponses…

voir son site : 
https://www.nourcadour.com
/

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un poème de Nour Cadour

Rêve brisé

Tu dis que le vent
n’a pas d’ailes
Tu dis que la nuit
n’a pas de lumière
Tu dis que les songes
ne sont pas bleus
Tu dis que l’horizon
n’a pas de racines
Tu dis que la pluie
n’a pas de mots

Mais moi
que me reste-t-il alors
lorsque l’électricité m’abandonne
lorsque la faim gronde dans mes boyaux
lorsque la fumée envahit mes yeux
que me reste-t-il à espérer
quand les bombes jaillissent dans mes tympans
quand le tonnerre gronde dans mon âme
quand la violence écorche mes prières

Tu dis que la guerre n’a pas de solution
Mais moi je te dis
qu’il est beau de rêver.

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Née en 1990 à Mende, Nour Cadour a grandi à Oloron Sainte-Marie.
Elle est actuellement installée à Montpellier.
Jeune poétesse, peintre et romancière franco-syrienne, elle exerce en tant que médecin nucléaire.
Engagée dans la poésie, elle remporte la mention spéciale du jury du concours international de « Poésie en Liberté́ » en 2014 dans la catégorie « étudiants de France » et devient membre du jury. Elle vend notamment ses peintures poétiques pour cette association.
En 2021, elle a co-créé avec de jeunes poètes montpelliérains l’association de poésie « L’Appeau’Strophe » qui vise à promouvoir la poésie et la rendre accessible à tous.
Son premier roman L’âme du luthier est publié chez Hello Éditions en février 2022.
Son premier recueil de poèmes Larmes de lune, édité par L’Appeau’Strophe, a été primé par la société des poètes français en 2021 et le prix de la Fondation Saint-John Perse en 2022. Son dernier recueil de poèmes « Le silence pour son » est paru L’échappée belle édition en janvier 2023.
Elle participe également à de nombreuses revues poétiques (PoetiquetacDebridéL’EtraveRevue HélàsRectangle quelconqueChronique de ci et de là…), des anthologies poétiques (Poésie en libertéLes Voix de l’extrême,.. ) et au podcast poétique « Mange tes mots ».

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Roman publié 
“L’âme du luthier”, Hello Éditions, Janvier 2022

Recueils de poèmes
“Le silence pour son”, L’échappée belle éditions, janvier 2023
“Deux arbres dansent”, Éditions Papiers Coupés (livre d’artiste), décembre 2022
“Larmes de lune”, Éditions L’Appeau’Strophe, septembre 2022,
-prix de la fondation Saint-John Perse, 2022
-prix Jacques Raphaël-Leygues de la société des Poètes Français en 2021
-lauréat du prix « Nouvelles voix d’ici » de la maison de la Poésie Jean Joubert à Montpellier
-finaliste du concours Poètes sans Frontières, 2022

Nouvelles  
“La toile”, nouvelle finaliste du Prix Hemingway, 2020

Participation anthologies
-Anthologie « Héritage », vies à vies éditions, 2023 : poème « Les voix »
-Anthologie « Les voix de l’extrême », 2022 : 5 poèmes sur le thème « Éphémère »
-Anthologie « 1001 plumes », Sélad Prod, octobre 2022 : poème « A l’aube d’un jour vide »
-Anthologie Poésie en Liberté, 2014 : poème « Lettre E », mention Spéciale du jury,
concours international de Poésie en liberté en 2014 dans la catégorie étudiante de France

Participation à des revues 

-Revue « Débridé », 2021 : poème « fièvre du pays »
-Revue « Au Mbongui », février 2022 : nouvelle « L’intermède du tam-tam »
-Revue « Poetiquetac », plusieurs poèmes dans le numéro de juin 2022

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halte poétique ‘le petit marché’

les coups de cœur des arpenteurs

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

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