Les arpenteurs poétiques – Milène Tournier

Les arpenteurs poétiques – Milène Tournier


 
Diffusion : Jeudi 25 mai 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 mai 2023 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Jean-Marc Barrier

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> Milène Tournier
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halte poétique ‘les échappées obliques’ : Pier Paolo Pasolini et Ernest Pignon-Ernes

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Milène Tournier

Milène Tournier est une marcheuse. Entre 20 et 30 kilomètres par jour… dans la ville… et elle écrit :  L’Autre jour, Je t’aime comme,
Se coltiner grandir, Ce que m’a soufflé la ville,
des textes poétiques. Elle écrit aussi des pièces de théâtre. Elle est née à Nice en 1988. Docteur en études théâtrales et professeure documentaliste…

« elle écrit sur Facebook, dont elle se sert comme un grand brouillon… ». 

Elle a besoin du corps pour écrire. Du corps et de la ville. Elle pense que pour écrire, elle aime mêler plusieurs façons :
– regarder une chaise et la décrire. Écrire.
– penser à toutes les chaises de son enfance. Lesquelles ont compté, sur lesquelles elle levait le doigt ou s’asseyait à demi? Écrire.
– s’asseoir trente minutes sur une chaise immobile et écrire, après cette expérience.
– regarder une chaise pendant trente minutes. Enlever la chaise. Écrire.
– aller marcher. Regarder toutes les chaises dans la ville. Écrire.
– penser très fort ou pas très fort mais très noir, très étrange, au mot «chaise», dans sa tête. Une chaise. Une chaise. Chaise. Chaise. Écrire.

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« Une poésie directe, brute, qui assume parler du quotidien
– sans jamais verser dans le trivial. »
       Guillaume Lecaplain, Libération
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« J’ai vu l’œil qui manquait au masque pour être un homme.»

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un poème  

J’avancerai vers toi
Avec mes cœurs sous peau de poitrine,
Mes cœurs comme couleurs d’as de trèfle, pique,
carreau – et cœur quand même aussi –
Et, ainsi qu’on se débarrasse
De son sac sur la table,
J’avancerai vers toi avec
Mes quatre cœurs lourds,
Comme les émissions où
Des filles très gentilles ont de trop gros seins et les
garçons ne voient qu’eux,
Alors les filles gentilles vont
Les opérer pour moins,
Et moi, mes quatre cœurs en mains,
Comme on arrive au café avec tous ses sacs de courses,
Ou comme un clochard dans le métro, qui a trop de
choses sur lui pour en avoir d’autres ailleurs, et l’on sait
que c’est un clochard à son vent d’odeur et
Parce que quand un kiwi a roulé, personne ne s’est penché pour le lui rendre,
Jusqu’à ce que quand même quelqu’un l’arrête d’un
pied et demande : «Vous en avez besoin ?»
Et le clochard a hoché oui,
Que oui,
Il a besoin d’un kiwi.

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un lien 

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Pier Paolo Pasolini et Ernest Pignon-Ernest

Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète. Aujourd’hui c’est un dessin d’Ernest Pignon Ernest, Extase.

 

Dessin collé sur des plaques alu/pvc/alu avec cintrage spécifique
Portait de Louise du Néant : la 8e extasiée
En écho un poème de Pier Paolo Pasolini: Les pleurs de l’excavatrice,VI / Il pianto della scavatrice, VI, Pier Paolo Pasolini, ed. Poésie /Gallimard.

 

 

 

 

Ernest Pignon-Ernest dit de Pasolini qu’il était comme un sismographe.

« Les déchirements permanents de sa personne et de son cœur ont nourri mon travail d’artiste…
Il éprouvait une passion viscérale, sensuelle, pour la matérialité physique des êtres et des lieux.
En même temps, il était habité d’une conscience profonde de la sacralité des êtres ».

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Extrait d’un poème de Pasolini

Ce qui pleure, c’est ce qui change, même si
C’est pour être meilleur. La lumière
Du futur ne saurait cesser un seul instant

De nous blesser : elle est là, qui nous brûle,
En chacun de nos actes quotidiens,
Angoisse, même en cette confiance

Qui nous donne la vie…

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Musique :
> Reminiscence, Olafür Arnalds et Alice Sara Ott, the Chopin project
> Guarda la luna, Petra Magoni

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Diffusion : Jeudi 27 avril 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 avril 2023 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire et Vincent Alvernhe
(rediffusion partielle)

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> Claude Esteban
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’ : Pascal Comelade
> halte poétique ‘je te poème’ : Nour Cadour
> halte poétique ‘le petit marché’les coups de cœur des arpenteurs

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Claude Esteban

Une voix, qui accompagne, une figure aussi. Homme de solitude et de partages, poète, traducteur, directeur de revue et de collections… Claude Esteban et ses textes existent avec la même force et une belle attention, une proximité à la vie.

Il porte dans son nom les deux racines espagnole et française qui le placent entre deux langues, l’a ouvert à toute traduction du vivre, des textes, des amitiés.

Empruntons ces mots très justes à Gil Pressnitzer : « Pour Claude Esteban, le partage des mots ne devait que nous rendre présents à l’étrangeté du monde, et à la proximité du vide (…) Ces titres nous le révèlent. Lui,  l’étranger devant la porte, a voulu prendre le risque d’entrer de l’autre côté – au risque du néant. Du presque rien.
La poésie de Claude Esteban est une route blanche. Il y chemine en glanant les morceaux du vent.Il fallait trouver la juste pierre au bon endroit, ainsi se présentent ses poèmes. » 

un poème lu par Vincent Alvernhe : https://www.youtube.com/watch?v=OdEWd92ib2M

photographies © Durigneux

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bibliographie

https://bib.ens.psl.eu/sites/default/files/inline-files/202101_Claude_Esteban_bibliographie_0.pdf

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un poème  

Ce qui ne parle pas,
je l’écoute

Ce qui n’a pas de lieu,
je le retrouve dans son lieu

Ce qui tombe,
je me retiens à son assise.

Je vois vivre
tout ce qui meurt.

Je disparais
avec ce qui demeure

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un autre poème
extrait de Conjoncture du corps et du jardin

Je t’aime depuis toujours. Je t’emprisonne dans une image.
Je te rends aux chemins, toi qui mourais dans chaque fleur.
Délaisse nos saisons. Altère le savoir des signes. L’air est sublime.
Le ciel monte. Nous marcherons comme si dieu dormait.

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à propos de Claude Esteban

L’œuvre de Claude Esteban est tout entière placée sous le signe d’une expérience de la langue qui tient pour une part décisive de la traduction : poète attentif au retrait du sensible dans la formulation verbale, prosateur vif tour à tour ironique et méditatif, affrontant l’expérience du deuil ou l’irréparable du bilinguisme, comme la mémoire évasive des tableaux ou des livres, il fut aussi un critique d’art éclairé et le passeur, en langue française, d’écrivains de langue espagnole tels que Quevedo, Jorge Guillén (Cantique, 1977) ou Octavio Paz (Le Singe grammairien, 1972, notamment). Cependant, cet écrivain épris de solitude, et dont l’œuvre ne peut être aisément rattachée à tel ou tel des courants de la poésie française des quarante dernières années, a su rester ouvert aux entreprises collectives dont il prit la responsabilité, à la direction de la prestigieuse revue Argile qui assura aux éditions Maeght le relais de L’Éphémère, à la tête de la collection Poésie chez Flammarion, au cours des traductions collectives de la fondation de Royaumont comme à la présidence de la Maison des écrivains.

Claude Esteban venait de faire paraître Le Jour à peine écrit (2006), anthologie de ses poèmes publiés de 1967 à 1992 : ce volume donne la mesure d’une trajectoire poétique qui trouva à se formuler dans des directions diverses mais toujours corrélées. En effet, le poète solaire et tellurique de La Saison dévastée (1968), premier recueil fondateur, a conduit pendant quarante ans une expérience d’écriture dont la diversité laisse transparaître une attention permanente au travail du visible et à l’inachevé. La forme ramassée de la plupart de ses poèmes répond à une vocation originaire, dont les premiers recueils, réunis en 1979 sous le titre Terres, travaux du cœur, portent l’empreinte. Renonçant à exercer sur le monde sensible une souveraineté dont elle connaît la nature précaire, la langue s’efforce cependant de rendre compte de l’instant, du fragment, de ces Morceaux de ciel, presque rien (titre d’un recueil paru en 2001) dont elle donne la mesure sous une forme explicitement classique : en distiques souvent, en mètres réguliers parfois. Ainsi ce contemporain mélancolique et réservé, extrêmement attentif aux formes les plus innovantes de la langue poétique, a-t-il théorisé dans Critique de la raison poétique (1987), avec sa retenue coutumière et une pointe de provocation aussi, ses méfiances à l’endroit de l’image issue du surréalisme, des pratiques formelles de rupture, et sa propre passion pour l’inactuel.

Attaché à l’immédiat, (fût-il étroitement conjoint à l’inaccessible), Claude Esteban a composé des recueils poétiques (on retiendra Le Nom et la demeure, 1985 ; Élégie de la mort violente, 1989 ; Quelqu’un commence à parler dans une chambre, 1995 ; Étrangers devant la porte, 2001) dont la succession s’accompagne de proses et d’essais d’une nature fort proche, et qu’il paraît vain de distinguer fondamentalement des poèmes proprement dits. Il y est question aussi bien de la traversée des langues et d’une expérience fondatrice du Partage des mots (1990), comme de l’expérience lumineuse et désolée à la fois des tableaux d’Edward Hopper, dans le beau Soleil dans une pièce vide (1991). De même, lorsque Claude Esteban rassemble dans Poèmes parallèles (1980) des textes de Góngora, Quevedo, Jiménez, Guillén, Aleixandre, Vallejo, Paz, Pizarnik, Pessoa et Gimferrer, il accompagne cette anthologie d’un bref essai qui indique à quel point l’expérience de l’œuvre traduite s’inscrit dans la continuité

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halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’
Pascal Comelade

Vincent Alvernhe nous propose un extrait de ce livre de Thomas Vinau, un texte consacré à Pascal Comelade
[L’originalité de l’œuvre de Pascal Comelade s’affiche entre autres dans sa manière de tenter une conciliation entre toutes les formes de la musique populaire sous l’angle de l’omniprésence en elle de la notion de répétition.]

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halte poétique ‘je te poème’ : Nour Cadour

Jean-Marc Barrier a rencontré
cette jeune poète et artiste franco-syrienne
lors d’un festival de poésie au Havre…

Nous la découvrons en quelques poèmes,
et quelques réponses…

voir son site : 
https://www.nourcadour.com
/

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un poème de Nour Cadour

Rêve brisé

Tu dis que le vent
n’a pas d’ailes
Tu dis que la nuit
n’a pas de lumière
Tu dis que les songes
ne sont pas bleus
Tu dis que l’horizon
n’a pas de racines
Tu dis que la pluie
n’a pas de mots

Mais moi
que me reste-t-il alors
lorsque l’électricité m’abandonne
lorsque la faim gronde dans mes boyaux
lorsque la fumée envahit mes yeux
que me reste-t-il à espérer
quand les bombes jaillissent dans mes tympans
quand le tonnerre gronde dans mon âme
quand la violence écorche mes prières

Tu dis que la guerre n’a pas de solution
Mais moi je te dis
qu’il est beau de rêver.

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Née en 1990 à Mende, Nour Cadour a grandi à Oloron Sainte-Marie.
Elle est actuellement installée à Montpellier.
Jeune poétesse, peintre et romancière franco-syrienne, elle exerce en tant que médecin nucléaire.
Engagée dans la poésie, elle remporte la mention spéciale du jury du concours international de « Poésie en Liberté́ » en 2014 dans la catégorie « étudiants de France » et devient membre du jury. Elle vend notamment ses peintures poétiques pour cette association.
En 2021, elle a co-créé avec de jeunes poètes montpelliérains l’association de poésie « L’Appeau’Strophe » qui vise à promouvoir la poésie et la rendre accessible à tous.
Son premier roman L’âme du luthier est publié chez Hello Éditions en février 2022.
Son premier recueil de poèmes Larmes de lune, édité par L’Appeau’Strophe, a été primé par la société des poètes français en 2021 et le prix de la Fondation Saint-John Perse en 2022. Son dernier recueil de poèmes « Le silence pour son » est paru L’échappée belle édition en janvier 2023.
Elle participe également à de nombreuses revues poétiques (PoetiquetacDebridéL’EtraveRevue HélàsRectangle quelconqueChronique de ci et de là…), des anthologies poétiques (Poésie en libertéLes Voix de l’extrême,.. ) et au podcast poétique « Mange tes mots ».

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Roman publié 
“L’âme du luthier”, Hello Éditions, Janvier 2022

Recueils de poèmes
“Le silence pour son”, L’échappée belle éditions, janvier 2023
“Deux arbres dansent”, Éditions Papiers Coupés (livre d’artiste), décembre 2022
“Larmes de lune”, Éditions L’Appeau’Strophe, septembre 2022,
-prix de la fondation Saint-John Perse, 2022
-prix Jacques Raphaël-Leygues de la société des Poètes Français en 2021
-lauréat du prix « Nouvelles voix d’ici » de la maison de la Poésie Jean Joubert à Montpellier
-finaliste du concours Poètes sans Frontières, 2022

Nouvelles  
“La toile”, nouvelle finaliste du Prix Hemingway, 2020

Participation anthologies
-Anthologie « Héritage », vies à vies éditions, 2023 : poème « Les voix »
-Anthologie « Les voix de l’extrême », 2022 : 5 poèmes sur le thème « Éphémère »
-Anthologie « 1001 plumes », Sélad Prod, octobre 2022 : poème « A l’aube d’un jour vide »
-Anthologie Poésie en Liberté, 2014 : poème « Lettre E », mention Spéciale du jury,
concours international de Poésie en liberté en 2014 dans la catégorie étudiante de France

Participation à des revues 

-Revue « Débridé », 2021 : poème « fièvre du pays »
-Revue « Au Mbongui », février 2022 : nouvelle « L’intermède du tam-tam »
-Revue « Poetiquetac », plusieurs poèmes dans le numéro de juin 2022

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halte poétique ‘le petit marché’

les coups de cœur des arpenteurs

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Sylvia Plath

Les arpenteurs poétiques – Sylvia Plath

 

Diffusion : Jeudi 23 mars 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 mars 2023 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Serge 
Vaute-Hauw et Elizabeth Boquet (voix anglaise)

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> Sylvia Plath
>
halte poétique‘les échappées obliques’, Laurent Lafolie / Valerio Magrelli
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Sylvia Plath

Sylvia Plath (1932-1963) est une auteur majeur de la poésie américaine de l’après-Seconde Guerre mondiale.
« Écrire est un acte religieux, une manière d’ordonner, corriger, réapprendre et réaimer les gens et le
monde, tels qu’ils sont et pourraient être. Créer une forme qui ne se perd pas, contrairement à un
jour de dactylographie ou d’enseignement. Le texte écrit, reste, voyageant de son côté dans le
monde. (…) On a le sentiment de rendre la vie plus intense – on donne plus, on scrute, on interroge,
regarde et apprend, on crée cette forme, et on reçoit plus en retour : monstres, réponses, couleur et
ligne, connaissance. » (journal)
Force, fragilité, écriture, vie de femme, amour, famille….toute une vie tendue vers l’écriture. Nécessité habitée par la conscience de la précarité de l’être et la force de la création pour l’emporter sur la perte et la mort.
Va et vient entre l’écriture et l’expérience privée, désir d’émancipation, c’est le chemin que nous propose Sylvia Plath. Souvent douloureuse, sa recherche d’authenticité nous donne une image vive de l’expérience des renaissances qui jalonnent nos vies.

Poèmes traduits par : Françoise Morvan, Valérie Rouzeau et Patrick Reumaux.

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poème extrait de Miroir

Je suis d’argent et exact. Je n’ai pas de préjugés.
Tout ce que je vois je l’avale immédiatement
Tel quel, jamais voilé par l’amour ou l’aversion.
Je ne suis pas cruel, sincère seulement —
L’œil d’un petit dieu, à quatre coins.
Le plus souvent je médite sur le mur d’en face.
Il est rose, moucheté. Je l’ai regardé si longtemps
Qu’il semble faire partie de mon coeur. Mais il frémit.
Visages, obscurité nous séparent encore et encore.
Maintenant je suis un lac. Une femme se penche au-dessus de moi,
Sondant mon étendue pour y trouver ce qu’elle est vraiment. […]

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découvrir les textes

Sylvia Plath, œuvres. Poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux,
précédé de Mourir est un art par George Steiner (Quarto, Gallimard, 2011). Édition de Patricia Godi avec la collaboration de Patrick Reumaux

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à écouter

Sylvia Plath (1932-1963), la vie comme un mauvais rêve
du podcast Toute une vie, France Culture
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/sylvia-plath-1932-1963-la-vie-comme-un-mauvais-reve-4506231

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musiques de l’émission

New animals from the air par Eluvium
Vitamine C par Can
Taken par Eluvium
One par Eluvium
There’d Better Be A Mirrorball par Arctic Monkeys
Regenerative Being par Eluvium

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halte poétique ‘les échappées obliques”
Laurent Lafolie / Valerio Magrelli

 

 

 

 

 

 

Laurence Bourgeois nous propose une œuvre par la voie des ondes, et en résonance des mots d’un poète. Aujourd’hui c’est une photographie de Laurent Lafolie, une Lithophanie

Lithophanie La lettre – 21×29,7 cm, 2022

Une lithophanie est une œuvre gravée en porcelaine très fine et translucide qui ne peut être vue clairement que rétro-éclairée par une source de lumière.

Livre : Laurent Lafolie, Exo Endo, ed. Galerie le château d’eau

En écho des poèmes de Valerio Magrelli,
extrait de son recueil Ora serrata retinae

 

 

 

 

 

 

Telle est la muette
thaumaturgie du geste
qui, en absolvant le jour, le dissout.
Moi je scrute les mots comme des dés
ou des bêtes sacrificielles ou des oiseaux,
j’en consulte l’enchevêtrement
et j’en mesure la marche
dans le ciel du cerveau
c’est comme demander
et souhaiter un nom
chaque nuit.

Valerio Magrelli

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Musiques de cette halte :
Intro, Einstein on the beach, Philip Glass
Murmures, Arthur H, album Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge

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halte poétique ‘le petit marché’

Noée : La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement
de Svetlana Alexievitch (Auteur), Michel Parfenov (Series Editor), Sophie Benech (Traduction) Babel Actes Sud Poche
Musique : Benjamin Clementine
extrait de Condolence sur l’album ‘I Tell A Fly

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Luis Mizón

Les arpenteurs poétiques – Luis Mizón

 

Diffusion : Jeudi 23 février 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 février 2023 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Vincent Alvernhe et Dani Frayssinet (voix espagnole)

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> Luis Mizón
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halte poétique‘les échappées obliques’, Graça Morais et Clarice Lispector
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Luis Mizón

Luis Mizón est une grande voix du Chili et de la poésie contemporaine. Et cela ne nous éloigne pas de lui : ses textes nous sont proches. Luis Mizón nous a quitté, et c’est une tendresse
que de le relire, de le mettre dans nos voix, le partager. Il dit :« Ce qui est propre à la poésie, c’est de donner matière à l’invisible, d’incarner l’âme étrangère du langage, de se laisser habiter dans la lecture par l’âme d’autrui. Ce que l’esprit exige, c’est le corps. Le langage passe de corps à corps et ainsi se remplit de sens caché, de manières de dire la même chose, et plus encore, de sens sans direction précise, de dessins, de schémas, de paroles qui touchent au plus secret et au plus intime du cœur. » C’est ce que produisent ses poèmes. Pas d’esbroufe, pas de Vous-allez-voir-ce-que-vous-allez-entendre, mais une musique douce et profonde – on s’enfonce dans ses poèmes, vers un lieu calme, intime, profond, partagé. Bien sûr, il y est parfois question d’exil…

Claude Couffon, son traducteur, dit de la poésie de Luis Mizón « qu’elle aime par tempérament le côté caché, l’aspect voilé, replié des choses. L’envers plutôt que l’endroit. Luis Mizón marche au milieu des siens comme à travers une forêt d’ombres dont il cherche la motivation secrète, le mobile inconscient, l’essence profonde sous les actes et les effets, les folies, les résignations. La poésie est pour lui une façon de lever délicatement les masques, d’interroger les labyrinthes creusés sous les apparences, de deviner les signes muets et les appels étouffés, de pressentir la transcendance sous
la banalité, de débusquer l’imaginaire derrière l’écorce rationnelle du réel. »

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à propos de Luis Mizón

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ca-rime-a-quoi/luis-mizon-pour-corps-du-delit-ou-se-cache-le-temps-editions-aencrages-co-1957347

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poèmes

Neón en gota
limones cortados.
Sólo el plato contiene los colores
y el vaso de agua
un caballo de polvo blanco
que se deshace como un cuento.
Adivinamos así
el paisaje del corazón.
*
No hay un solo ángel
en nuestro vacío rincón de cielo.
Sólo cardos con alas
y la tierra quemada hasta los huesos.

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Néon en gouttes
Citrons coupés.
L’assiette seule contient les couleurs
et le verre d’eau
un cheval de poussière blanche
se désagrégeant comme un conte.
Nous devinons ainsi
le paysage du cœur.
*
Il n’y a pas un ange
dans notre recoin de ciel vide.
Seulement des chardons ailés
et la terre brûlée jusqu’aux os.

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halte poétique ‘les échappées obliques”
Graça Morais / Clarice Lispector

 

 

 

 

 

 

 

Laurence Bourgeois nous propose une œuvre par la voie des ondes, et en résonance des mots d’un poète. Aujourd’hui c’est une encre de Graça Morais, Métamorphoses

Métamorphoses
gomme laque et encre de chine sur papier
15×15

Livre : la violence et la grâce, Graça morais,
ed Fondation Calouste Gulbenkian

En écho une nouvelle de Clarice Lispector
“c’est là que je vais.”
Nouvelle extraite du recueil, Où étais tu pendant la nuit ?, éditions Des femmes.

 

 

 

 

 

Au-delà de l’oreille existe un son, à l’extrémité du regard un aspect des choses,
au bout des doigts un objet
___ c’est là que je vais
A la pointe du crayon le trait,
là où expire une pensée il y a une idée, à la dernière bouffée de joie une autre joie,
à la pointe de l’épée la magie
___ c’est là que je vais
A la pointe des pieds le saut.
c’est un peu l’histoire de quelqu’un qui est parti et qui ne revint jamais
___ c’est là que je vais

Musiques de cette halte :
Jardin sous la lune,  Trio zéphyr
Aux confins, Feu! Chatertton

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Musiques 

Nicolas Jaar Sunflower
Nicolas Jaar Etre
Rosalía Catalina
Stephan Micus The temple
Benat Achiary Acércate Más
Nicolas Jaar Colomb
Nicolas Jaar Pass the time
Thomas Dybdhal Stray dogs
Thomas Dybdhal Interlude

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halte poétique ‘le petit marché” 

Noée : Pina, film de Wim Wenders
une fête, encore et toujours.

Dani : 
Une odyssée, livre de Daniel Mendelsshon, éditions Flammarion
traduit de l’américain par Isabelle Taudière et Clotilde Meyer,PRIX TRANSFUGE 2017 DU MEILLEUR LIVRE AMÉRICAIN, PRIX MÉDITERRANÉE ÉTRANGER 2018
Lorsque Jay Mendelsohn, âgé de quatre-vingt-un ans, décide de suivre le séminaire que son fils Daniel consacre à l’Odyssée d’Homère, père et fils commencent un périple de grande ampleur. Ils s’affrontent dans la salle de classe, puis se découvrent pendant les dix jours d’une croisière thématique sur les traces d’Ulysse. Croisant les thèmes de l’enfance et de la mort, de l’amour et du voyage, de la filiation et de la transmission, cette exploration fascinante de l’Odyssée fait écho au récit merveilleux de la redécouverte mutuelle d’un père et de son fils.
Jean-Marc : Des formes utiles,recueil de Martine Audet
éditions du Noroît : la voix inimitable de la poète québécoise à nouveau sur le fil entre confidence et retenue avec des aveux, des fulgurances calmes. Accompagnés de dessins de l’auteure.
« Des formes utiles est un recueil de vaillance et de veille. Il est le côté face du vide et des manques, du froid et de l’oubli. Ce à quoi le coeur résiste ou cède. Et il est tout autant, depuis l’entaille profonde, à coup de questions, d’étonnements et de rêves, ce que, de l’être et du comment, les mots donnent à voir ou à taire. Peut-être ce à quoi les vents nous préparent. »
https://lenoroit.com/produit/des-formes-utiles/


Vincent : 
Morning Flight, morceau du dernier album de H-Burns, Sunset Park
> H-Burns sera au Sonambule à Gignac le 28 mars.

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merci à Laureen pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Lili Frikh

Les arpenteurs poétiques – Lili Frikh

Diffusion : Jeudi 26 janvier 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 29 janvier 2023 à 11h
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une émission préparée par Coralie Poch
avec la participation de Noée Maire, Jean-Marc Barrier et Serge 
Vaute-Hauw

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> Lili Frikh
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Lili Frikh

Lili Frikh est poète. Elle a publié : Bleu, ciel non compris aux éditions Gros Texte ainsi que Carnet sans bord et Tôle froissée aux éditions La rumeur libre. En 2019, elle a publié La Vie Monstre à La Boucherie littéraire. Touchée par une maladie des yeux, elle ne se destinait pas d’emblée à la création.
C’est la vie qui l’a mise sur la piste de la poésie, de la philosophie, de la peinture, abordant les thèmes de l’intime, de la mémoire, de l’amour, de la technologie, et surtout, de l’écriture, thématique clé qui déclenche par jets toute l’histoire, ce rapport difficile à l’écrit qui permet de se réapproprier une vie, LA vie.
Sa dernière parution est un album incroyable qui est le résultat d’un travail de plusieurs années avec le musicien Brieuc Le Meur. Cet album, c’est : Tu t’appelles comment. Il a été édité en septembre dernier aux Éditions f4 à Berlin. Cette œuvre est le fruit d’une collaboration réalisée à distance entre Lili et Brieuc Le Meur (écrivain, cinéaste et photographe et surtout, producteur de musique électronique). La version finale de cet album mit 10 ans à se réaliser.

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poèmes

 J’en reviens pas de la poésie qui traîne par terre à hauteur de poubelle, 
au dessus de rien, de personne. Je ne sais plus quoi en faire quoi faire, si même….. Parce qu’elle est là, la poésie, dans l’état des choses. Inutile de prendre leur parti de les prendre à partie et au bout du compte, en otage. Pas la peine de les faire participer au bénéfice des mots. Les choses sont pas intéressées. On fait pas de poésie. Elle se fait toute seule. On n’est pas poète en écrivant des poèmes.
        On l’est avant et après.      

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Tu demandes de l’eau. Et tu bois tu pleures tu te laves. Mais c’est pas fini. La blessure a toujours soif…Et vivre ça brûle. Ça refroidit pas sous la douche. De toute façon. De toute façon il n’y a plus d’eau. Le réservoir est vide. Plus d’eau douce. Plus d’eau qui coule toute seule. Plus d’eau potable. Plus d’eau facile pour continuer. De toute façon faut changer l’eau.Virer le cumulus. Détruire. Faut détruire. T’as plus que détruire. Plus que ça à faire pour t’en sortir. Dépasser les bornes. Tu dépasses. Tu demandes l’eau forte…Plus forte. Tu demandes de l’eau pour ne pas mourir. Tu demandes de l’eau pour écrire. Tu demandes la mer

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pour écouter et acheter l’album Tu t’appelles comment 

> https://f4editions.bandcamp.com/album/tu-tappelles-comment

 

 

 

 

 

 

 

 

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découvrir Brieuc le Meur

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Musiques 

Chilly Gonzales Othello
Felix Laband Snug retreat
La chica Oasis
Else Paris
Felix Laband Bag of bones
Ibrahim Maalouf unfaithful
Gabriel Yared C’est le vent Betty

Extraits de l’album Tu t’appelles comment / Lili Frikh et Brieuc le Meur 

  • Tu t’appelles comment 
  • Lili et la planète

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halte poétique ‘le petit marché” 

Noée : Ton absence n’est que ténèbres, de Jon Kalman Stefansson aux éditions Gallimard
L’auteur islandais entrelace les récits et les époques d’une famille dont on suit les membres du milieu du XIXe à nos jours, dans un fjord de l’ouest du pays. L’amour, le temps, le goût de la vie… des thèmes illustrés au superlatif, sur presque 600 pages, avec humour, subtilité et ce serrement au cœur devant les choses qui disparaissent.

Coralie : À l’est des rêves, Réponses even aux crises systémiques, de Nastassja Martin
Un livre passionnant où l’anthropologue nous emmène à la découverte du peuple Even qui après la chute de l’ursa est reparti vivre en forêt et réinvente un mode de vie où l’animisme, les rêves performatifs et les histoires mythiques répondent aux politiques d’assimilation comme au dérèglement des écosystèmes. Passionnant.

Coralie : Les huit montagnes film de Charlotte Vandenmeersch et Félix Van Groeningen, d’après les Huit Montagnes de Paolo Cognetti. Une histoire d’amitié magnifique entre deux  deux hommes, la photographie sublime des montagnes du Val d’Aoste.

Jean-Marc : Gaspar Claus, musicien, violoncelliste
Un son profond, charnu, avec toutes les modulations et les stridences du crin sur les cordes, avec un espace incroyable. Cette musique porte et emporte.
Gaspar Claus, je l’ai découvert lors d’un concert avec son père, Pedro Soler, et Benat Achiary, chanteur basque librissime. Gaspar Claus a composé la musique du film Makala, un documentaire qui a toutes les puissances d’une fiction. https://gasparclaus.bandcamp.com/album/makala-2
Il collabore volontiers avec d’autres musiciens, des poètes, des chanteurs. Découvrez ses musiques sur Bandcamp : https://gasparclaus.bandcamp.com

Jean-Marc : deux revues de poésie en ligne

deux revues aimées, animées par des poètes, très engagés et généreux, deux sites à voir et revoir dans un esprit de découverte.

Terre à ciel.
Trimestriel. Une plateforme très riche de poèmes, de critiques de livres et d’entretiens très éclairants avec des poètes, avec des rubriques : Un ange à notre table (nouvelles voix de la poésie), Terre à ciel des poètes (poètes confirmés), Voix du monde, Paysages etc. Une mine pour découvrir, lire, et avoir envie de mieux connaître des poètes. https://www.terreaciel.net

Recours au poème
Trimestriel. Des articles, des poèmes, des rencontres, là aussi un engagement ardent pour promouvoir et faire connaître les poètes. https://www.recoursaupoeme.fr

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merci à Laureen pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Nelly Sachs

Les arpenteurs poétiques – Nelly Sachs


 
Diffusion : Jeudi 22 décembre 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 décembre 2022 à 11h
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une émission préparée par Serge Vaute-Hauw
avec la participation de Betty Duffour et Vincent Alvernhe

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> Nelly Sachs
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Nelly Sachs

Nelly est une poétesse suédoise, qui est née à Berlin le 10 décembre 1891 dans une famille allemande assimilée juive de la grande bourgeoisie, elle y grandit, tourmentée, jeune fille sage, à la fois réservée et retranchée. En 1921, elle publie Légendes et récits avec l’aide précieuse de l’écrivain Stefen Zweig.
Elle quitte précipitamment l’Allemagne nazie avec sa mère en 1940, pour Stockholm où elle vivra jusqu’à la fin de sa vie, et écrira l’essentiel de son œuvre profondément marquée par la shoah, et qui affectera considérablement sa santé mentale.
A travers cette poésie qui témoigne, Nelly Sachs est une l’une des poétesses majeures du XXème siècle.
En 1946, paraît son premier recueil Dans les demeures de la mort qui évoque le souvenir, l’exil, la nuit.

Elle reçoit en le prix de la Paix du syndicat du livre allemand en 1965, et le prix Nobel de littérature en 1966, pour sa remarquable œuvre lyrique et dramatique qui relate le destin d’Israël.
En France, on doit la découverte de son œuvre Grace à Maurice Nadau.    

Enfin, une traduction entreprise depuis la fin du siècle dernier par Mireille Gansel et publiée par les éditions Verdier et regroupe en trois volumes l’ensemble des textes écrits de 1943 jusqu’à la disparition de la poétesse.

Les arpenteurs poétiques vous proposent d’écouter le chant lyrique de Nelly Sachs, qui cherche à s’élever vers la lumière, c’est une poésie du souvenir, un témoignage vibrant, une mémoire vive, ce sont des mots qui saignent, des êtres qui partent en fumée, des interstices où passe la lumière entre les lignes, et qui pourraient indiquer qu’il faut continuer de croire en l’homme, mais voici l’homme !

Nelly Sachs s’éteint le 12 mai 1970, quelques semaines après le décès de son ami Paul Celan.

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poèmes

Rêve qui pousse par-dessus le dormeur
saisie ainsi en des visions
nage la lettre de l’alphabet

Spirale ellipse cercle
nourrissons abreuvés de temps
membres morts
en tortures explosions guerres

ébranlés
de nouveau enracinés –
Je t’aime comme tous les nuages qui passent
comme tous les vents du monde –

Figure de ténèbres
bégayante cabrée dans l’effroi

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personna déchiffrant la poussière
sombres noms scellés puisés
aux fontaines
Oural – Tibet – pays malades d’occident
murmurants – migrants sur des linceuls –
pèlerins dans l’infinitude –
Enfers et ciels
charpentés pour la seule terre
puis blanches taches sans images
mendiants – fin de l’imagination – morts
Quelle douleur est suspendue à la Croix du Sud
Quels sont ces voyageurs des constellations
dans l’anneau de brouillard de la lyre
Sur quelle planète
le jeu d’Adam et Eve
à cache-cache avec Dieu –

Lettres des alphabets 

en quel lieu serez-vous encore manne quotidienne
sur quel Patmos stellaire
des tombes violées ?

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Si j’étais peintre, je peindrais la pierreté de la pierre. La roseté de la rose. L’humilité jusqu’au cœur des branches du saule, l’angoisse dans la toison fumante d’un chevreuil ; le dévouement est le nouveau pinceau. L’essence de la souffrance dans l’œil d’un poisson entre la vie et la mort. Payer les gorges écorchées. Un nouvel art sans nom ! Chacun donne les yeux fermés un bout de solitude. Il y en a bientôt assez pour le manteau qui dormira avec soin dans la tombe. Toutes les rivières s’en sont allées dans lesquelles on pouvait se jeter, à présent montrez-vous dignes de la mer, vous les larmes ! 

Poèmes extraits des recueils :

Eclipse d’étoile Nelly Sachs Éditions Verdier
Partage-toi, nuit Éditions Nelly Sachs Verdier
Et du livre :
Lettres en provenance de la nuit Nelly Sachs Éditions Allia  

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en savoir plus sur Nelly Sachs
https://www.espritsnomades.net/litterature/nelly-sachs-les-levres-et-les-paroles-contre-les-pierres-et-la-fumee/

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Musiques 
Maurice Ravel Kaddish
Le chant des Déportés ou des Marais
Sonia Wieder Atherton –Kaddish– Chants Juifs
Lowell Liebermann “Immer” from Six songs of Nelly Sachs, Op.14 (1985)

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halte poétique ‘le petit marché” 

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merci à Laureen pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Luiza Neto Jorge

Les arpenteurs poétiques – Luiza Neto Jorge

Diffusion : Jeudi 24 novembre 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 27 novembre 2022 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier et Pierre Diaz

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> « Luiza ! Luiza ! », concert poétique
avec Jean-Marc Barrier (voix) et Pierre Diaz (saxophone, clarinette basse et électro)
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« Luiza ! Luiza ! », concert poétique

Luiza ! Luiza ! est une immersion sonore dans les poèmes  de Luiza Neto Jorge (1939-1989), femme et poète proche du surréalisme, qui a vécu un double exil entre Lisbonne et Paris. Elle a exploré de nouvelles formes, de nouvelles forces, et a produit une poésie brute, ardente, dans le langage du corps, d’un corps fragmenté qui se disloque et se recompose dans le corps même du poème.

Deux hommes relaient cette écriture puissante de la conscience féminine : Pierre Diaz et Jean-Marc Barrier créent ensemble un univers sonore où les mots et la musique se frottent, se nouent et se fraient leur passage – cristallin, tellurique ou méditatif –  et pénètrent bien au-delà de l’oreille.

Le poème nous apprend à tomber, dit-elle, chute d’amour où le visage touche le sol
oiseau qui s’est lancé à pic sur la croûte de la terre, piquant au plus tendre…

Extrait d’une note de ses traducteurs, Christian Mérer et Nicole Siganos dans Par le feu, éditions Le passeur, 1996, épuisé.

« Mise en scène érotique, la poésie de Luiza Neto Jorge privilégie la verticalité, l’ellipse, la densité, alliées à une langue presque crue, ou d’une préciosité qui ne serait que le voile de cette crudité. Le corps de la femme porté au langage sous le feu du désir (du désir d’un désir) se démembre, flambe, enflamme la page (je vis dans la flamme / l’habit a pris feu / qui marie / mort et vie). L’écriture se vrille, âprement creuse le manque du corps, jusqu’à parfois en mimer l’extase. (…) Mais au moment d’être portée sur la scène du poème, l’« action » érotique est tenue à distance par le travail même de la langue tendue jusqu’au sarcasme : machine anti-lyrique, déchant inscrit dans le poème. Une pulsion vitale profonde et une tension immense animent ses poèmes où se conjuguent une double insurrection du corps et de la parole … »

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Luiza ! Luiza !
Pierre Diaz | saxophone, clarinette basse, effets et electro
Jean-Marc Barrier | voix

Ce concert poétique a été donné sur scène dans différents lieux et théâtres, à Lodève, La Salvetat-sur-Agoût, au Théâtre de Pézenas et à Montagnac.

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Pierre Diaz  

Un univers sonore autour d’intruments détournés. Un parcours atypique commencé au consevatoire de Béziers et Montpellier, il joue très jeune dans les bals populaires de sa Région. Puis il entend John Coltrane et le jazz rentre dans sa vie.La musique classique, le reggae, la musique improvisée, les musiques traditionnelles, associés au théâre, la danse, les arts plastiques et la poésie… lui donnent une approche de la musique à 360°.
https://www.diazpierre.com

Jean-Marc Barrier

Peintre et graphiste, il écrit des poèmes, anime des ateliers d’écriture, pratique le théâtre amateur depuis 10 ans, et co-anime l’émission Les arpenteurs poétiques sur Rph Radio Pays d’Hérault. Quand il découvre la poésie de Luiza Neto Jorge, il aime l’audace et la puissance rare dans cette écriture, et le défi lui plaît d’être le vecteur masculin d’une poésie féminine méconnue.
Dernier livre paru : La nuit élastique, éditions Phloème, 2022 >  https://www.editionsphloeme.fr/de-langue-française/oeuvres/la-nuit-élastique/
https://jeanmarcbarrier.fr

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Luiza Neto Jorge 

Née en 1939, elle fait des études à la Faculté des Lettres de Lisbonne. Elle y fonde le Grupo de Teatro de Letras. Puis elle va vivre à Paris pendant huit ans, y exercer de nombreux métiers : femme de ménage, interprète, animatrice de radio, libraire, professeur de poterie… Liée au groupe Poésie 61, elle est dans une démarche exploratoire de l’écriture… Elle dessine aussi. Elle a traduit de nombreux auteurs français en portugais   Sade, Max Jacob, Céline, Artaud, Michaux, Boris Vian, Jean Genet et Marguerite Yourcenar… Elle a également écrit pour le théâtre et le cinéma. 

Bibliographie

En langue portugaise :
A noite Vertebrada, Collecção « A Palavra », Faro, 1960
Quarta Dimensão, em Poesia 61, Faro, 1961
Terra Imóvel, Portugália, Lisboa, 1966
O seu a seu Tempo, Ulisseia, Lisboa, 1966
Dezanove Recantos, Iniciativas Editoriais, Lisboa, 1969
O Amor e o Ócio, Jornalde Letras et Artes 268, 1969
O Ciclópio Acto, poema para livro-objecto de Jorge Martins, Livraria-Galeria 111, Lisboa, 1972
Os Sítios Sitiados (Poesia 1960-1970), Plátano, 1973
A lume, Assírio & Alvim, Lisboa, 1989
Poesia (1960-1989), Assírio & Alvim, Lisboa, 1993

En langue française :
Prélude pour sexe et rêve, traduction de Marie-Claire Vromans, Editions 632, Bruxelles, 1994, épuisé
Par le feu, traduction de Christian Mérer et Nicole Siganos, Editions Le passeur, 1996, épuisé
Anthologie de la poésie portugaise contemporaine 1935-2000, Poésie/Gallimard

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Trois témoignages à propos de Luiza Neto Jorge

Alberto Seixas Santos :

« Je garde une image très forte de Luiza Neto Jorge. Nous sommes à Paris dans le studio de Júlio Pomar. C’est jour de fête. Il y a des verres, de la musique, des gens. Luiza arrive, vêtue de noir, farouche et maigre comme toujours, elle traverse la salle, s’assied sur une chaise près du mur, croise les jambes, et regarde. Si ce n’était la curiosité, la pose serait celle d’un sphinx. Peu après arrive une française que je connais à peine et me dit : Tu l’as vue ? Elle est extraordinaire, n’est-ce pas ? Elle parle de Luiza, bien sûr. Qu’elle soit presque toujours le centre des attentions des personnes présentes ne me surprenait pas du tout. Rares étaient les yeux qui avaient l’intensité des siens. Noirs, grands, pénétrants. (…) Je ne sais plus quand et comment je l’ai connue. Peut-être dans un café ou un ciné-club à la fin des années 50 ».

Fernando Cabral Martins :

« (…) Je ne me souviens que peu de ce que j’ai entendu, je ne me souviens que de ce que j’ai vu. Je crois qu’il est toujours vrai qu’une image vaut pour mille mots. Elle était radieuse, ses yeux brillaient comme s’ils laissaient échapper une lumière. Dans son apparence physique, qui blessait par son étrangeté, il y avait de la grâce et de l’harmonie. Un manque de protection, ou une fragilité, devenait chez elle magiquement une forteresse. Et calme. Elle disait peu aussi, et nous riions tous. Cette femme était peut-être (…) le plus grand poète portugais vivant. Elle ne faisait pas de grandes phrases, ni des petites, rien qui pût avoir l’air d’un vers, à peine un sourire qui enveloppait parfois un mot. Hostile aux vers, comme à sa poésie. Seulement préoccupée par les mots, sans autre musique que celle des sens inaudibles, celle qu’on écoute quand les poumons inspirent et expirent, et que l’air chante ».

(Ces deux textes sont traduits du portugais par Pierre Astrié)

Gastão Cruz

« […] Il y avait, à mon avis, entre la poésie de Luiza et sa façon de vivre une parfaite convergence, cohérence et unité placées sous le signe de la force, de l’intensité. Rien en elle était doux, douteux, auto-indulgent. Peut-être un peu timide, elle n’aimait pas du tout à être le centre des attentions et exerçait discrètement un énorme pouvoir de séduction, qui provenait principalement d’un sens de l’humour toujours intelligent et attentif et d’une façon positive de regarder la vie. Même les grands malheurs, elle les a affronté sans pitié et sans plaintes. Et, en fin de vie, quand elle a dû passer de longues périodes à l’hôpital, elle a maintenu la capacité de parler avec animation et rire avec ceux qui la visitaient, en parlant parfois de ses problèmes de santé avec objectivité et distance (du moins apparemment). […] »Memória de um tempo e de Luiza Neto Jorge, Relâmpago, Revista de Poesia, Lisboa, Fundação Luís Miguel Nava, nº 18, avril 2006, p. 125-127.

(Ce texte est traduit du portugais par Maria Filipe Rosa)

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un poème extrait du concert

Rechant 19

Je vois pour finir quelqu’un mourir
qui était homme à inventer une écriture
à sourire d’inventer des lettres pour faire un rapport sur tout
ce qui dans la neige est neigeux et
sur ce qu’il y a dans les lettres de sphères qui roulent
d’un côté à l’autre de l’invention

quelqu’un qui à l’heure où je me trouve avait à dire
que sa liberté était juste comme la patte d’un oiseau
pesant sur le sol
et (flash) l’amour injuste comme un autre pied ou
un oiseau mourant d’une maladie
phosphorescente

ou : qu’Elle-et-Lui souriaient nus tous deux à tout le monde.
Que tous deux utilisaient le meilleur savon pour leur peau.

ou : que dans son champ étroit, en effet, il chantait.

Voilà, c’est fini.

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Sayd Bahodine Majrouh

Les arpenteurs poétiques – Sayd Bahodine Majrouh


Diffusion : Jeudi 23 juin 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 juin 2022 à 11h
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une émission préparée par Serge Vaute-Hauw
avec la participation de Noée Maire, Leila Laghribi et Vincent Alvernhe

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> Sayd Bahodine Majrouh
> halte poétique ‘son/poème/son’ : Laurence Bourgeois
> halte poétique ‘le petit marché’ : les coups de cœur des arpenteurs

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Sayd Bahodine Majrouh

Le voyageur de minuit (Ego-monstre 1)
Suivi de Le rire des amants (Ego-monstre 2)
traduit du perse par le poéte- écrivain  Serge Sautreau

Sayd Bahodine Majrouh, est né à Kaboul en 1928. C’est un poète, folkloriste, un docteur en philosophie, il a exercé à la faculté de Montpellier et en peu de publications, à décortiqué la tyrannie. L’écriture ici témoigne, elle s’inscrit dans l’histoire, pour les peuples sous le joug de cet Ego-Monstre, elle est une mise en garde, elle plaide pour l’amour, la liberté, la beauté. Ce Voyageur de Minuit, malgré la cruauté qu’il observe, a su préserver en lui cette part la plus belle et profonde de l’humanité, et nous touche par les symboles, les paraboles, les archétypes qui jalonnent son œuvre. 

Evidemment, l’auteur nous interroge sur les conséquences d’une société totalitaire, et sur l’exil, et où l’errance peut nous mener à travers ses méandres.

Sayd Bahodine Majrouh a été assassiné la veille de son 60e anniversaire dans sa résidence à Peshawar au nord du Pakistan, un assassinat politique.

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Sayd Bahodine Majrouh, Le voyageur de minuit

ou la matérialisation de cet Ego Monstre qui s’éveille en l’homme, et dont il emprunte les chemins qui ont été devastés par sa suprématie, et un extremisme sans bornes.
Nous sommes ici, dans des paysages où le désert avance dans les consciences soumises à une autorité absurde, des stimulants de la peur, où les valeurs de respect, d’amour tentent de résister face au Dragon tout puissant, où les traditions, le folkore sont malmenés, où la singularité de l’être ne peut s’épanouir dans un système de valeur uniforme, ou les lois condamnent violemment et abusivement.
Si au cours de son périple, le voyageur de minuit est le témoin d’une violence abjecte, qu’il en subit quelquefois les conséquences, il est surtout porteur  de lumière, en opposition à cette obscurité émanant du montre. Par sa philosophie, sa quête de justice et de vérité, il redonne un sens à l’existence des âmes bafouées, et l’espoir aux exilés, à ceux qui n’ont jamais basculés dans l’abîme de la Caverne, et que l’Ego-Monstre n’aperçoit pas forcément, là où est l’exil en soi, la liberté à tout sa place pour renaître un jour. 

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un extrait

Chaque soir à minuit, disent-ils,
des esprits infernaux remontent de l’abîme
et viennent gémir par la bouche de la Caverne
et se répandre sur la plaine,
s’arrachant plaintes à chaque buisson d’épines,
à chaque taillis de ronces, à chaque pierre
du chemin,
hurlant de la terreur dans les gorges étroites,
s’emparant des montagnes pour en faire
des géants en marche,
et le lit du torrent à sec devenu
dragon de feu
s’élance à travers l’espace
et vient rôder parfois
tout près,
tout près des portes de la ville…

(…)

Ainsi tous mes périples, songeait-il,
Egarent-ils leurs traves leurs pistes leurs repère
Depuis mon premier pas dans l’hypnose du soleil :
Pourquoi vouloir loger ma demeure au zénith
Quand lui-même le quitte et tombe dans la mer ?
Ces levers à l’Orient, ces couchers à l’Occident
Ne le montrent-ils pas en quête d’autre chose
Qu’il va s’éteindre au-delà de son feu ?
Dans le secret de l’ombre il abreuve une extase
Qui va brûler où nul ne voit
Est-il seulement sûr d’être chaque fois le même ?
N’y a-t-il qu’un seul astre, un seul soleil toujours ressuscité,
Ou bien chaque aube en délivre-t-elle un nouveau
Irradiant comme l’autre, la veille, et l’autre, l’avant-veille,
Et l’autre encore et tous les autres depuis qu’il y a des
matins au monde pour chercher le bonheur
Dans l’imprévisible trajectoire du Sens ?
Le couchant qui avale un soleil
Lui donne asile pour autre chose
Qu’il étreint au-delà du feu –
Et ce soleil touche à sa fin, à sa source sans fin :
Comment
Reparaîtrait-il ?
Je suivrai ces soleils dit-il au bord du gouffre
Je suivrai ces soleils au-delà de leur feu
Il fixa le Levant longuement comme on part.
Il tourna le dos à ses prestigieuses guenilles de faux jour.
Il alla droit vers le Couchant, vers la lumière de l’Ouest,
Au royaume des ombres perdues.

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halte poétique ‘son/poème/son’
Laurence Bourgeois

Plasticienne et poète, Laurence Bourgeois vit en pays de Kercorb, à Rivel, dans le piémont pyrénéen

Au sein de son atelier “écrits poétiques de verre et papier ” elle crée une œuvre singulière, alchimique où dialoguent écriture, gravure et transparence. Elle a réalisé de nombreux livre d’artistes avec des poètes contemporains.
Arpenteuse depuis sa création, elle  co-anime l’émission radiophonique, Les Arpenteurs Poétiques sur RPH.
Une exposition de sculptures et œuvres verre et gravure est en création en écho aux poèmes inédits Nids et brûlis

Publication poétiques
Ainsi le pli, Le bruit des cailloux, éditions la voix du poème Feu blanc, éditions du petit pois
Falaises du corps, Nili fossæ, éditions Rafaël de Surtis
Rendre l’or, éditions Pourquoi viens-tu si tard ?
Sacrifice, collection fibre.s, éditions la tête à l’envers.
Expositions 2021-2022

Géographie du rien – Carla Bayle – Juin 2021
Bruit Blanc – Mirepoix – Juillet 2021
Chalabre en sérénade – Août 2021
Cioran – Sibiu en Roumanie – Août 2021
Orpailler l’autre Rive – Médiathèque Narbonne – Déc. 2021 janv.2022 Art for science être crâne – Genève – mai juin 2022
À la lisière – Laroque d’Olmes – Juillet 2022
+ d’informations sur le site www.livredeverre.fr

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un poème

Écoute | Vois plus près là
près de moi
je retourne à la terre
avec les espèces compagnes
ensemble
corpuscule flottant infime infirme
à quatre pattes dans la poussière du ciel.

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halte poétique ‘le petit marché’

Alfonsina Storni 1892-1938 

Elle devient comédienne et autrice et, à vingt-quatre ans, publie un premier recueil Écrits pour ne pas mourir.
Souvent définie comme féministe au pays du machisme, elle est à la fois institutrice pour enfants déficients, égérie des bibliothèques populaires du Parti socialiste de Buenos Aires et journaliste sous le pseudonyme de Tao Lao. Dès 1920, elle côtoie Joge Luis Borges, Luigi Pirandello, Filippo Tommaso Marinetti, rencontre Federico García Lorca.
Son suicide inspira la chanson Alfonsina y el mar, de Ariel Ramírez et Félix Luna, qui accompagne le poème lu par Serge et interprété par Sylsée

C’est ça, l’amour, c’est ça : je sens
Dans chaque once de vie une pensée.

Et je suis une et je suis mille
Toutes les vies passent par moi
Et leurs blessures
Me sont morsures.

Et je n’en puis plus. Chaque goutte de mon sang comporte
Un hurlement et une note.

Et je ploie, je ploie sous le poids
D’un baisers profond, d’un profond baiser.

Extrait du recueil : le mois d’octobre naît avec ses matins clairs
Alfonsina Storni, les cahiers de curiosités, éditions marguerite waknine
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Caroline Lahougue 

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Les arpenteurs poétiques – « Colline », de Jean Giono

Les arpenteurs poétiques – « Colline », de Jean Giono

 
Diffusion : Jeudi 26 mai 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 29 mai 2022 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Vincent Alvernhe, Jean-Marc Barrier et Serge 
Vaute-Hauw

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> « Colline », de Jean Giono
>
halte poétique ‘les échappées obliques’
par Laurence Bourgeois : Antoni Tapies et Zéno Bianu
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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« Colline », de Jean Giono

Les arpenteurs vous proposent une lecture condensée – et poétique ! – du roman de Jean Giono Colline publié en 1929.

Jean Giono, né en 1895 à Manosque d’un père cordonnier et d’une mère repasseuse, étudie en autodidacte, lit passionnément, et écrit dès 1911 à l’écart des mouvements littéraires. La première guerre mondiale est un traumatisme ; il en sort viscéralement pacifiste. Il rencontre un certain succès dès le premier roman, Colline, mais la période qui suit la deuxième guerre mondiale le voit mis à l’index pour ses écrits publiés dans des revues pro-allemandes (précisons qu’il n’a pas pour autant adhéré aux idées fascistes). Le Hussard sur le toit en 1951 lui fait retrouver le succès. Il meurt en 1970, dans la ville qui l’a vu naître, Manosque.

   Dans les œuvres de Giono, où les éléments des paysages provençaux sont des personnages à part entière, les hommes sont décrits comme des plantes et tous les êtres, jusqu’aux pierres, animent un monde aussi terrible que beau. Ce roman tient place au hameau des Bastides blanches, que treize habitants font vivre au milieu des collines. Là, « Lure, calme, bleue, domine le pays, bouchant l’ouest de son grand corps de montagne insensible.

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un extrait de Colline

« Des vautours gris la hantent.
Ils tournent tout le jour dans l’eau du ciel, pareils à des feuilles de sauge.
Des fois, ils partent pour des voyages.
D’autres fois, ils dorment, étalés sur la force plate du vent.
Puis, Lure monte entre la terre et le soleil, et c’est, bien avant la nuit, son ombre qui fait la nuit aux Bastides. »

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Mais voilà que des événements inquiétants surviennent : les oiseaux se taisent, la fontaine cesse de couler, la petite Marie tombe malade, et le chat du malheur rôde…  Janet, vieillard au seuil de la mort, semble tenir un rôle dans ce dérèglement. Il « déparle » comme disent les autres, éberlués et quelque peu effrayés à l’écoute de ses paroles. Par ses paroles, Janet fait advenir la vision d’un monde insoupçonné, et cruel. Comme ici :
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« Le crapaud qui a fait sa maison dans le saule est sorti.
Il a des mains d’homme et des yeux d’homme.
C’est un homme qui a été puni.
Il a fait sa maison dans le saule avec des feuilles et de la boue.
Son ventre est plein de chenilles et c’est un homme.
Il mange des chenilles, mais c’est un homme, il n’y a qu’à regarder ses mains.
Il les passe sur son ventre, ses petites mains, pour se tâter : C’est bien moi, c’est bien moi, qu’il se demande dans sa jugeote, et il pleure, quand il est bien sûr que c’est lui.
Je l’ai vu pleurer. Ses yeux sont pareils à des grains de maïs et, à mesure que ses larmes coulent, il fait de la musique avec sa bouche.
Un jour, je me suis dit : Janet, qui sait ce qu’il a fait comme ça, pour avoir été puni, et qu’on lui ait laissé seulement ses mains et ses yeux ?
C’est des choses que le saule m’aurait dites si j’avais su parler comme lui. J’ai essayé. Rien à faire. Il est sourd comme un pot. »

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Antoni Tàpies et Zéno Bianu

Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre d’Antoni Tapies, Deux tas de terre (Dues piles de terra), avec des poèmes de Zéno Bianu.

 

 

Antoni Tàpies :
Dues piles de terra, 2001
Procédé mixte sur bois, 200 X 200cm
Fondation Tàpies, Barcelone

« Pour penser l’art, ou quoi que ce soit, le mieux sera toujours de nous tourner vers lui avec la pureté même de celui qui chaque matin découvre un monde nouveau. »

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sans lieu
sans mémoire
les stèles du vide
le suaire du ciel
ce qui s’abat
sur le corps du monde

sans lieu
sans pourquoi
les hautes nuées
de sang sombre
l’abandon recroquevillé
dans la lumière  

Zéno Bianu

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musiques de cette halte :

Hans Zimmer : Dune Sketchbook Soundtrack | Moon over Caladan
https://www.youtube.com/watch?v=UB-h4dgpdLw

Dune Sketchbook Soundtrack | Song of the Sisters – Hans Zimmer | WaterTower
https://www.youtube.com/watch?v=hCrk71dbQpU
Âtash |· Ariana Vafadari
https://www.youtube.com/watch?v=9oXQ1q2TMpo

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les musiques de l’émission :

« Travelling », trio Zéphyr
https://www.youtube.com/watch?v=IGQrF7yyaug

« Soleil disparu », Trio Zéphyr  
https://www.youtube.com/watch?v=gM6VrKQKSYg

« Il Pecoraro », Lou Uberto  
https://www.youtube.com/watch?v=qtTFiZTeNrM

« Trevia », Sourdure »
https://www.youtube.com/watch?v=11-azxIAs5k

« Cotelon », Cocanha  
https://www.youtube.com/watch?v=OX5Gir6YYf4

“Le chant des oiseaux », Rosemary Stanley et Dom la Nena 
https://www.youtube.com/watch?v=MPiLH-yQFXs

« clavar cavar », Sourdure 
https://www.youtube.com/watch?v=FdGkF8nlaSY

Symphonie n°6 en B mineur, Tchaikovski
https://www.youtube.com/watch?v=NfusWGFWMq8

« Three cycles perle » trio Zéphyr  
https://www.youtube.com/watch?v=85jAIU8I8KM

« Noistra foira », Sourdure  
https://www.youtube.com/watch?v=uEX88r-ILPw

«Oiseau », Tigre d’eau douce et Bertrand Belin 
https://www.youtube.com/watch?v=kocgYHIApkc

« Arriba quemando el sol » de Rosemary Stanley et Dom la Nena      
https://www.youtube.com/watch?v=PH5tNbiWUsA

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halte poétique ‘le petit marché’

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
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Les arpenteurs poétiques – « Mères », Estelle Fenzy et Julien Bucci

Les arpenteurs poétiques – « Mères », Estelle Fenzy et Julien Bucci

Diffusion : Jeudi 28 avril 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er mai 2022 à 11h
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une émission préparée par Coralie Poch
avec la participation de Noée Maire, Laurence Bourgeois et Serge 
Vaute-Hauw

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> « Mères »
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halte poétique ‘les échappées obliques’
par Laurence Bourgeois : Giuseppe Penone et Juan Gelman
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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« Mères »

Lecture croisée d’extraits des recueils
Mère d’Estelle Fenzy et Prends ces mots pour tenir de Julien Bucci.
Une lecture en miroir d’extraits de deux textes forts qui évoquent la figure maternelle.
Le premier, c’est Mère, d’Estelle Fenzi, qui plonge au coeur, au corps du vivant et tente de dire ce que c’est d’être mère. Ce sont des textes qui parlent depuis l’intérieur et sont reliés par cette affirmation : Je suis mère.
En miroir, viennent les mots de Julien Bucci, tous extraits de son recueil Prends ces mots pour tenir. Des mots adressées à sa mère, des mots qui parlent de la douleur, de la maladie, du rapport au langage, du lien d’un fils à sa mère, de la vie qui va se finir.
Une boucle qui s’ouvre sur la naissance et se ferme sur la mort imminente de la mère. Deux textes qui évoquent chacun à leur manière ce lien premier et fondateur : celui celui de la mère à l’enfant, de l’enfant à sa mère. Ces deux textes sont édités par La boucherie littéraire. http://laboucherielitteraire.eklablog.fr

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Estelle Fenzy

J’ai découvert le recueil d’Estelle Fenzy à Sète, il y a quatre ans. Depuis, je n’ai cessé de le faire passer de mains en mains, à des amies, des jeunes mamans. C’est un livre qui parle au coeur, un recueil qui porte une vérité dans son corps et qui explore, à fleur de peau, au plus près du coeur et du ventre, au fil des jours, ce que c’est : d’ être mère. En le lisant j’ai eu le sentiment de me sentir comprise, de me sentir chez moi à l’intérieur des mots. 

« Estelle Fenzy est née en 1969. Elle a vécu longtemps près de Lille, plusieurs années à Brest. Actuellement, elle habite Arles où elle enseigne dans un collège de la ville.
Elle écrit depuis 2013, des poèmes et des textes courts. Au rythme de la vie, dans la vie. Son écriture repose autant sur l’autobiographie (Chut, à La Part Commune, ou Gueule noire et Amoureuse ? à La Boucherie Littéraire) et le réel (le drame des migrants, dans Eldorado Lampedusa, aux éditions Pourquoi viens-tu si tard ?) que sur l’imaginaire, le conte (Par là, chez Lanskine), des versants opposés mais complémentaires qui alternent dans son travail. Quels que soient la forme et le thème, elle s’attache au dépouillement, fuit le mot de trop, le superflu, l’effet joli qui éloigne de l’essentiel. » (extrait de Terre à ciel.) 

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un poème extrait de Mère

« Parfois, je me dilue dans les eaux de lessives. Transparente dans le paysage.
Devant la glace, c’est tout mon corps qui recule. Je ne me ressemble plus. Détourne les yeux . Chercher un rivage où les poser pour exister. 

Enfants rentrant de l’école. Portée heureuse, sautillante. Bouches débordant de fruits, jus sucré au menton.
De leurs griffes de chatons ou de framboisiers du jardin, je ne sais ce qui accroche mes jupons.
Leur joie vraie de m’étreindre me replace au centre de ma vie. »

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bibliographie  

  • Chut(le monstre dort), La Part Commune (2015)
  • Sans, La Porte (2015)
  • Rouge vive, Al Manar (2016)
  • Juste après, La Porte (2016)
  • L’entaille et La couture, Henry (2016)
  • Le papillon, Petit Flou (2017)
  • Mère, La Boucherie Littéraire (2017), Prix de poésie René Leynaud 2018
  • Par là, LansKine (2018)
  • Mon corps c’est ta maison, La Porte (2018)
  • Poèmes western, LansKine (2018)
  • La minute de l’aube, La Part Commune (2019)
  • Gueule noire, La Boucherie Littéraire (2019)
  • Coda (Ostinato), Les Lieux-Dits (2020), finaliste du Prix International de poésie de Montréal 2020
  • Le chant de la femme source, L’Ail des Ours (2020)
  • Eldorado Lampedusa, Pourquoi viens-tu si tard ? (2021)
  • Amoureuse ? La Boucherie Littéraire (2021)

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Julien Bucci

Julien Bucci, après avoir vécu 12 ans à Marseille, s’installe à Lille en 2007. Il y fonde la Cie Home Théâtre, une maison de mots dont le projet fondateur, consacré à l’oralité, se destine à inventer des médiations littéraires et des entre-sorts poétiques. Auteur et comédien, acteur de la lecture et animateur de l’écrit, Julien Bucci partage régulièrement sa passion de la langue et de la poésie pour de multiples publics. Il œuvre activement à sortir la poésie de sa clandestinité en investissant le médium de l’audio. Il est le créateur du « Serveur Vocal Poétique », service téléphonique gratuit permettant d’écouter à toute heure des poèmes au 03 74 09 84 24.

Vous  pouvez retrouver des poèmes et arpenter son site qui est très riche : http://www.litt-orales.fr/

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un poème extrait de Prends ces mots pour tenir

« un jour tu partiras
par pudeur dire partir
tu pourrais bien mourir un jour viendras tu meurs 

je pourrais partir avant toi
je peux mourir au prochain mot 

je ne sais pas
ce qui m’arriverait si tu mourrais 

tu es vivante quand j’écris tu n’es pas dans la pièce
à l’instant où
j’écris 

je ne te vois presque plus il faut que je t’appelle que je t’entende
pour m’assurer 

que tu peux encore 

me parler 

les mots que tu me donnes te font vivante 

tu pourrais être morte
il n’y aurait plus de mots
tu ne répondrais plus
à mes appels »

Prends ces mots pour tenir, Julien Bucci, éditions La boucherie littéraire.

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le site de l’éditeur

http://laboucherielitteraire.eklablog.fr

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Giuseppe Penone et Juan Gelman

Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète. Aujourd’hui c’est une sculpture de Giuseppe Penone, Tra.

Giuseppe Penone, Tra, 2008 Bronze, feuilles d’or -266,7 × 160 × 86 cm et 256,5 × 226 × 83,3 cm
« Ce qui m’intéresse, dit l’artiste, c’est quand le travail de l’homme commence à devenir nature » 

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poème Juan Gelman 

deux arbres attachés au même oiseau /volent
tout autour des planètes/ouvrent
leurs feuilles/leurs rosées/leurs témoins de toi/ tournent autour de la lune qui monte de la pensée/ 

l’arbrisseau de droite a l’odeur de tes mains de soleil/ celui de gauche appuie la tête sur tes seins/ maintenant te voilà les bras ouverts
pour que commence le sud/

Sèves pensées, Édition bibliothèque national de France
Vers le sud, et autres poèmes, Juan Gelman
L’Opération d’amour, © Gallimard 2006, traduit par Jacques Ancet,

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Un nid, album no sport, Rodolphe Burger
https://www.youtube.com/watch?v=m3KUCIHS0J4 

qu’est-ce donc que cette vie sous le mot

parler
se parler
comme on s’existe (…)

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halte poétique ‘le petit marché’

Noée Maire :

Contes du hasard et autres fantaisies 
a été réalisé par Ryusuke Hamaguchi (le réalisateur de Drive my car, lauréat de l’oscar du film étranger).
Les trois contes font en quelque sorte la démonstration du pouvoir évocateur de la parole ; ils le font de façon légère mais aussi bouleversante, à travers des portraits essentiellement féminins.

Laurence Bourgeois :
L’art de la joie de Goliarda Sapienza, éditions Le Tripode
Goliarda Sapienza  écrit comme  elle le sent sans contraintes, en s’affranchissant de toutes les barrières, morales comme littéraires – entremêlant les souvenirs à la pensée en cours, rêves éveillés désirs réalité. Un roman initiatique. Une écriture hypnotique.

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques